La repentance des banques

On a souvent moqué l'absence de sens politique des banquiers français, dans le dossier des « bonus » notamment, auxquels ils ont dû renoncer sous la pression de l'opinion et de l'Élysée, sans en retirer le moindre bénéfice d'image. On ne peut donc que saluer aujourd'hui leur désir de s'afficher « proactifs » dans la lutte contre les paradis fiscaux. Après le G20, Nicolas Sarkozy leur avait demandé d'être « exemplaires » dans la réforme du système financier international. Les banquiers français ont saisi la balle au bond et publié hier les cinq « engagements » qu'ils sont prêts à prendre pour lutter contre le blanchiment d'argent, la fraude fiscale et les « trous » noirs de la réglementation. Dont acte. Mais cette démarche aurait été plus convaincante si sa portée avait été, à la fois, moins aléatoire, plus percutante et plus large. Moins aléatoire, car l'engagement des banques françaises ne vaut que s'il est approuvé ? et appliqué ? par tous les établissements européens. On n'en est pas là et l'on peut craindre l'enlisement des discussions. Plus percutante, puisque les banques françaises proposent à leurs homologues de respecter « scrupuleusement » les règles et principes adoptés par les États. On ose espérer qu'il s'agit d'un truisme et que c'est déjà le cas. Enfin, on attend une démarche plus large, les nouvelles exigences de gouvernance et de transparence proposées par la Fédération bancaire française (FBF) ne devant s'appliquer qu'aux pays mis à l'index par la communauté internationale, de façon imprécise pour ceux de la « liste grise » dressée par l'OCDE, de toute façon difficilement utilisable puisqu'elle intègre des États membres de l'Union européenne, et plus sûrement ceux de la « liste noire ». Or, celle-ci est actuellement? vide. Les banquiers français en renvoient la responsabilité aux différents gouvernements et aux organismes internationaux. Ils n'ont pas tort, mais cela mine la crédibilité de leur démarche. Ariane Obolensky, la directrice générale de la FBF, s'inquiétait hier, par avance, du risque d'être accusée d'en faire trop ou pas assez. Trop, par des pays laxistes peut-être, mais certainement pas par l'opinion. Pas assez, c'est en revanche l'évidence. Pour les banques, il y a loin de la repentance à l'absolution. [email protected] pierre-angel gay
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