Le dollar flanche, emporté par les inquiétudes sur la dette américaine

Le billet vert est sorti cette semaine de la bande de fluctuation dans laquelle il se maintenait depuis le début du mois de mars, entre 1,29 et 1,38 dollar pour 1 euro. Peu après le début des échanges outre-Atlantique, l'euro a repassé le cap symbolique des 1,40, pour la première fois depuis le 2 janvier, pour toucher 1,4028. Le coup de grâce a été donné jeudi par le changement par l'agence Standard & Poor's de la perspective de la notation du Royaume-Uni, passée de stable à négative. Les cambistes n'ont pas été longs à faire le parallèle avec les États-Unis qui connaissent comme ce dernier une explosion de leur déficit public. La Maison-Blanche prévoit pour l'exercice en cours un déficit de 1.841 milliards de dollars, soit plus de 13 % du produit intérieur brut. Bill Gross, gérant chez Pacific Investment Management, n'hésite pas à estimer « très probable » le scénario d'une remise en cause du prestigieux AAA américain. Le président Obama a fait savoir qu'il n'était pas inquiet. Néanmoins « le dollar a été le plus grand perdant de la semaine », résument les analystes de Barclays Capital, qui estimaient que le facteur le plus décisif a été celui « de la dette grandissante aux États-Unis? ». Le dollar s'est affaibli face à 14 devises parmi les 16 les plus traitées sur le marché des changes, alors que le sterling se reprenait face au billet vert à 1,5897, son plus haut niveau depuis le 6 novembre dernier. Ce mouvement général démontre que c'est bien le dollar qui pâtit de la nouvelle donne des marchés plutôt que d'autres devises qui font preuve d'une vigueur particulière. Toutefois, la glissade du billet vert n'est, à ce stade, pas forcément l'illustration de nouveaux dangers car elle porte en elle l'amélioration générale du sentiment des opérateurs face à leur appréciation de la crise. Les pertes essuyées par le billet vert tiennent à une moindre aversion au risque des investisseurs. prudence des pythies« La récession avait pris, ces derniers mois, une dimension ?hors normes?, elle commence à redevenir plus ?normale? », explique Bruno Cavalier, économiste chez Oddo Securities. L'évolution des obligations du Trésor confirme ce scénario, alors que le rendement du 10 ans est remonté à 3,3552 %, regagnant plus de 80 points de base depuis le 10 mars dernier lorsque le scénario de fin du monde ralliait tous les suffrages. Quant à savoir jusqu'où ira le dollar, qui demeure loin de son étiage de 1,6019 touché il y a tout juste treize mois, le 22 avril 2008, les pythies se font prudentes sur les conséquences d'un retour à la normale dont on sait qu'il sera ponctué de déceptions macroéconomiques après que la Fed a publié cette semaine son livre beige faisant état d'un redémarrage plus progressif de l'économie américaine. En attendant, les opérateurs se couvrent et l'once d'or a connu hier un nouveau record de l'année à 963,10 dollars sur le Comex.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.