Le Fonds de réserve pour les retraites sous haute tension

etraiteNouvel avis de tempête pour le Fonds de réserve pour les retraites (FRR). L'organisme, créée sous le gouvernement Jospin pour consolider les régimes de retraite à partir de 2020, et opérationnel depuis juin 2004, doit en effet arrêter, d'ici à la fin juin, son allocation stratégique d'actifs pour les trois prochaines années. Cette revue stratégique, effectuée tous les trois ans, risque de raviver les tensions en interne entre les partisans d'une surpondération des actifs investis en actions et ceux qui considèrent que le profil de risque du fonds est devenu trop élevé avec la chute des marchés boursiers. Mais en filigrane, c'est bien de nouvelles menaces sur l'existence même de ce fonds dont il s'agit, certains parlementaires de premier plan, comme Jean Arthuis, doutant ouvertement de son utilité en ces temps de disette budgétaire et d'explosion des déficits sociaux. De fait, entre le tarissement de ses recettes promises par l'État et la baisse de la Bourse, l'objectif initial d'atteindre 150 milliards d'euros en 2020, contre un encours actuel de 28 milliards, est désormais hors de portée. Et l'annonce, le mois dernier, d'un rendement annualisé négatif de 1,2 % depuis juin 2004 n'arrange pas les affaires du FRR, même si ce rendement est aujourd'hui légèrement positif. Comme le reconnaît un membre du conseil de surveillance, « la direction du FRR ne veut surtout pas que les Français pensent que le fonds joue au casino ». C'est dans un contexte très tendu que le fonds va, ou non, modifier sa stratégie d'investissement, après avoir déjà levé le pied sur les actions (47 % des actifs fin 2008 contre 64 % un an plus tôt) et diversifié son portefeuille, notamment dans l'immobilier. Pour un proche du dossier, les réflexions doivent aller au-delà de la simple allocation d'actifs : « Il faut une définition au passif du fonds, préciser le calendrier et ses contraintes de décaissement, à partir de 2020 ou 2030, pour quels montants et au profit de quel régime de retraite. » Autrement dit, clarifier, voire redéfinir, la mission du FRR. « Un débat très politique », confie-t-il.contracycliqueLa gouvernance du fonds pourrait être revue à cette occasion, notamment pour offrir plus de souplesse d'investissement aux gérants. Ceux qui défendent le placement actions ne manquent par d'arguments, même si le FRR a manqué de chance en commençant à investir dans les actions dans un marché fortement haussier, donc au pire moment. « La force d'un investisseur de très long terme est de pouvoir surmonter les cycles boursiers. Plus l'horizon s'allonge et plus on est certain du rendement réel annuel. Nous avons ainsi calculé, sur l'indice S&P, que le rendement réel d'un placement en action à trente ans converge vers 6 % par an. Enfin, ce type de fonds se doit d'être contracyclique jouant ainsi un rôle stabilisant », souligne Cyril Blesson, directeur de la recherche de Seeds Finance. Et un parlementaire de renchérir : « Ce serait absurde de placer au taux d'emprunt d'État. Nous n'attendons pas du FRR une gestion de père de famille. Et d'ajouter : « Même les syndicats demandent du rendement ! » n
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.