Sarkozy préfère l'emprunt à la rigueur

Ni rigueur, ni hausses d'impôts, mais, face à la situation désastreuse des finances publiques? un emprunt. Devant le Parlement réuni en congrès à Versailles, Nicolas Sarkozy ne s'est pas livré à une nouvelle déclaration de politique générale. Peu de mesures concrètes divulguées, mais l'annonce du financement par l'emprunt d'une politique ambitieuse d'investissement public. Un emprunt aux contours encore très flous : lancé « soit auprès des Français » (emprunt dit populaire) « soit auprès des marchés financiers », il sera fixé selon des modalités déterminées après concertation avec le Parlement et les partenaires sociaux, durant trois mois. L'intérêt politique de l'emprunt populaire est évident : mobilisateur, son succès peut être assuré par une rémunération avantageuse. Mais ce choix est évidemment coûteux pour le budget de l'État, comme le soulignent les experts de Bercy.Un emprunt pour quoi faire ? Ministre du Budget du gouvernement Balladur, Nicolas Sarkozy a en tête l'emprunt du même nom, lancé au c?ur de la récession de 1993. Censé rapporter quelque 40 milliards de francs (6,1 milliards d'euros), il avait rapporté 2,75 fois plus. Il avait notamment servi à renflouer des entreprises publiques, mais aussi à asseoir la réputation de gestionnaire rassurant du Premier ministre. Déjà, les experts s'interrogeaient sur l'opportunité de cette opération, relevant plus de nécessités politiques que financières. François Bayrou, l'a relevé hier: « l'emprunt, on en fait tous les jours ».Mais, contrairement à Édouard Balladur, Nicolas Sarkozy a en tête une utilisation précise des fonds collectés, qui dépasseraient les 16,7 milliards d'euros de 1993. Il s'agit de financer « les dépenses d'avenir », les investissements susceptibles d'accroître la richesse du pays. Et de citer la lutte contre l'exclusion, les internats d'excellence, le fonds stratégique d'investissement ou les efforts en faveur de la formation professionnelle, sans oublier le Grenelle de l'environnement : le chef de l'État embrasse large. Ce sera au nouveau gouvernement de définir ses priorités, avec le Parlement et les partenaires sociaux.Pour Nicolas Sarkozy, un bon investissement est non seulement gage de croissance supplémentaire, et donc de recettes publiques, mais permet aussi de réduire des dépenses non productives rendues nécessaires par la sous-croissance (chômage). Le risque est d'accroître la dette, qui dépasse les 68 % du PIB. Pour ne pas être accusé de laxisme, le chef de l'État distingue trois déficits de nature différente, chacun réclamant un traitement particulier.Tout d'abord le mauvais déficit, « celui qui finance les mauvaises dépenses, les gaspillages, l'excès de bureaucratie, les frais de fonctionnement trop élevés ». Ce déficit structurel doit être ramené à « zéro par des réformes courageuses ». Pas question, donc, de reculer sur la diminution du nombre de fonctionnaires, ni sur la réforme des collectivités locales (voir page 4). Des décisions fortes devraient être prises d'ici à la fin de l'année. La révision générale des politiques publiques pourrait retrouver un second souffle. À côté de ce mauvais déficit, figure celui né de la crise. Les recettes générées par la croissance retrouvée devront contribuer intégralement à sa résorption. Enfin, il y a le bon déficit, celui qui permet de financer les dépenses d'avenir? nL'intérêt de l'emprunt est évident : mobilisateur, son succès peut être assuré par une rémunération avantageuse.
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