Le secteur du raffinage n'a pas encore touché le fond

PÉTROLESur le marché très déprimé du raffinage, une petite lueur s'est allumée. Les contrats de futures, indicateurs avancés comme le nom l'indique, laissent espérer une reprise des marges. Aux États-Unis, elles sont actuellement de l'ordre de 8,97 dollars le baril, et elles pourraient passer à 10,71 dollars? mais attention, pas avant 2012. « À court terme, il n'y a que peu de raisons d'être optimiste, souligne Chris Barber, analyste chez Energy Security Analysis. Le niveau des stocks et la faible orientation de la demande ne laissent pas envisager de rebond d'ici à la fin de l'année ». La situation du marché pétrolier est doublement préjudiciable aux raffineurs. Pris entre le marteau et l'enclume, ils sont à la fois contraints d'acheter leur pétrole au cours du marché, et souffrent d'une chute de la demande en produits raffinés. Résultat : leurs marges s'effondrent. En Europe, elles ne sont plus, selon le type de raffinage, que de 1 à 2 dollars le baril, voire négatives. mouvements annoncésEn l'absence de stabilisation macroéconomique, et de reprise du trafic routier, aérien et par bateau, la tendance risque de rester baissière. Sans compter que, entre la fin 2008 et le début de l'année, d'importantes capacités de raffinage supplémentaires sont arrivées sur le marché, soit 2 millions de baril jour (mbj). À titre de comparaison, la demande de produits sortant des raffineries est de l'ordre de 75 mbj. L'anticipation d'un rééquilibrage à moyen terme est néanmoins raisonnable. C'est l'opinion de Régis Collieux, analyste chez BNP Paribas, pour qui « le marché du raffinage est un marché qui s'autorégule, et les marges ne peuvent continuer de rester à leur niveau actuel pendant trois à quatre ans ». « Ce scénario est d'autant plus plausible si l'on croit à une reprise économique prochaine, et si les raffineurs ferment des unités de production », ajoute-t-il. Sur ce dernier point, des mouvements sont déjà annoncés. Petroplus a indiqué à ses salariés, dans le nord de l'Angleterre, que leurs emplois étaient menacés. Royal Dutch Shell pourrait fermer ou vendre deux sociétés en Allemagne, et une à Montréal. Total, qui jusqu'alors a peu retouché son portefeuille, devrait lui aussi se désengager de ce secteur. En revanche, il faudra composer avec des changements plus structurels. À savoir, l'arrivée de nouvelles raffineries sur le marché, en Asie et au Moyen-Orient, notamment. Ou encore la mise en place d'une législation environnementale plus contraignante. « En Europe et aux États-Unis, la demande de produits raffinés pourrait baisser de manière structurelle, estime Régis Collieux, à moins, et ce n'est pas exclu, d'une surprise du côté de la croissance mondiale, le marché risque de ne pas retrouver ses hauts de cycle de 2004 très rapidement.?»Marjorie Bertouille
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