En Chine, la bulle spéculative sur l'immobilier a éclaté

La surchauffe immobilière en Chine a débuté dès 2004. Quatre ans plus tard, la bulle qui s'est formée constitue une des préoccupations majeures des autorités centrales. À Pékin, un foyer moyen doit aujourd'hui apporter l'équivalent de plus de 30 ans de revenus (contre 3,2 ans aux États-Unis) pour acheter un appartement de 50 m2. Le crédit est utilisé pour 90 % des achats immobiliers par les ménages chinois. L'inquiétude du gouvernement est visible. La publication mensuelle des chiffres officiels sur l'immobilier se fait systématiquement attendre. En glissement sur un an, les prix de l'immobilier dans les provinces côtières ont déjà chuté entre 25 % et 40 %. Aujourd'hui, les promoteurs immobiliers proposent des remises immédiates dépassant parfois les 20 % en cas de paiement en liquide. La priorité du gouvernement, qui était jusque-là de lutter contre l'inflation, s'est désormais reportée sur la croissance. Depuis début septembre, la banque centrale a abaissé deux fois ses taux directeurs (les taux sur les prêts à un an ont baissé au total de 54 points de base), une première depuis 2002. Depuis le 25 septembre, les taux de réserves obligatoires des banques ont également été abaissés d'un point de pourcentage. Pékin se montre de plus en plus nerveux face au ralentissement mondial, à la baisse massive des prix de l'immobilier et à l'effondrement de ses marchés financiers (- 70 % depuis octobre 2007). Les mauvaises nouvelles touchant l'immobilier engagent plus que jamais les performances à venir de l'économie : selon le Bureau national des statistiques, les investissements dans l'immobilier auraient totalisé 370 milliards de dollars en 2007, soit une contribution de 10,25 % au PIB, ce qui est colossal. La dépendance des autorités locales à l'immobilier est également très forte, puisque la vente de terrains génère 60 % de leurs revenus fiscaux depuis plusieurs années. Au premier semestre, les ventes de terrain à Shanghai, en plein coeur de la spéculation, n'ont généré que 833 millions de dollars, contre 8,88 milliards de dollars en 2007. C'est plus de 10 fois moins ! Dans cette veine, on estime à plus de 131 milliards de dollars la pénurie de capital dans l'industrie de l'immobilier pour les années à venir. Dans ces conditions, le consensus qui anticipe encore une croissance du PIB chinois de + 9,3 % pour 2009 nous paraît bien trop optimiste. Nous anticipons plutôt + 7 % pour l'année prochaine, en sachant que le niveau en dessous duquel on peut estimer la Chine en récession se situe autour de 6 % de croissance.(*) Respectivement PDG et directeur de la stratégie chez Pythagore Investissement.
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