N'est pas sauvé qui croit

Àbien y regarder, Berlin semble avoir tout mis en oeuvre pour décourager les banques privées de venir piocher dans l'abondant plan qu'il leur est présenté : salaires des dirigeants limités, droit de regard sur la stratégie et l'attribution des crédits... Voilà un plat que plus d'un banquier allemand aurait bien du mal à digérer. Aussi n'en voit-on aucun pour le moment faire la queue devant la soupe gouvernementale. Le premier d'entre eux, Josef Ackermann, patron de la Deutsche Bank, a de toute façon prévenu que le sceau infâme de la " honte " attendait celui qui oserait quémander un sou à l'État, comme un vulgaire chômeur en fin de droits. Mardi, une étude de l'institut IW de Cologne enfonçait le clou en affirmant que les conditions posées par l'État fédéral devraient décourager plus d'un banquier et que l'appel au plan pouvait entraîner une " dégradation de la réputation " des banques. Il est vrai qu'on est loin de la générosité française, par exemple. Mais alors, à quoi diable peut servir ce plan de 480 milliards d'euros et pourquoi avoir fait si vite ? À sauver les Landesbanken, pardi ! Ces étranges constructions du fédéralisme allemand sont au bord du gouffre, comme l'a montré la hâte avec laquelle BayernLB est venue piocher dans les caisses de l'État. Surtout, étant déjà détenues par les Länder, ces instituts ont moins de problèmes à accepter les conditions de Berlin. Certes, l'effondrement de ces instituts aurait eu des conséquences terribles sur l'économie allemande. Mais il aurait également posé un problème politique majeur. Difficile, en effet, de ne pas croire que, en dépit de leurs cris d'orfraie, les responsables politiques régionaux, qui siègent aux conseils de ces banques, n'aient pas cautionné pendant des années leurs politiques aventureuses. Or les partis au pouvoir à Berlin tiennent aussi les rênes dans les Länder. À un an des élections générales et alors que BayernLB a déjà pesé sur la campagne électorale bavaroise, il était temps de mettre au plus vite le couvercle sur ce mauvais ragoût financier. Ce plan de sauvetage veut peut-être aussi sauver la coalition berlinoise.
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