Le système Ponzi fait des émules

Pas une journée, ou presque, ne passe aux États-Unis sans qu'un nouveau « montage pyramidal » à la Ponzi ne soit dévoilé. Près d'un mois après l'assignation à domicile de Bernard Madoff, les autorités américaines sont sur les dents. Le gendarme des marchés financiers (Securities and Exchange Commission) se refuse à indiquer si l'affaire Madoff a rendu les médias plus sensibles à ce type d'escroquerie ou si, pour ses enquêteurs, c'est « business as usual ». En interne toutefois, un fonctionnaire de l'agence reconnaît « que, lorsque l'ambiance sur les marchés est aussi délétère, il n'est pas surprenant que les investisseurs demandent des comptes à leur conseiller financier ». Si l'ampleur de la fraude de « Bernie » Madoff reste pour l'heure inégalée, des dizaines d'investisseurs affirment être victimes d'identiques impostures?: leur intermédiaire offrait d'exceptionnels rendements avec l'argent de nouveaux souscripteurs? selon la technique éprouvée par Charles Ponzi dans les années 1930. Depuis la semaine dernière, le FBI se livre à une chasse à l'homme. À la suite de plaintes, les autorités recherchent Arthur Nadel, un courtier de Sarasota, en Floride. La SEC craint que ses activités, dont les six fonds spéculatifs étaient censés gérer 350 millions de dollars, soient fictives. Le « gérant » a quitté son domicile le 14 janvier sans laisser de traces. L'un des fonds de Nadel, Valhalla Investment Partners, affichait un rendement moyen de 32 % entre 2000 et 2006. Mercredi, la SEC a porté plainte contre un autre gérant de hedge funds, qui clamait avoir élaboré une stratégie en Bourse pour garantir des rendements annuels de 61 %?! Le gendarme a précisé que Rod Cameron Stringer avait levé au moins 8,5 millions de dollars depuis janvier 2007, mais que la trace de cet argent était « actuellement inconnue ». Recherché dans son État de l'Indiana pour avoir escroqué ses clients, le professionnel de la gestion de fortune, Marcus Schrenker, a quant à lui tenté d'échapper à la justice en simulant un accident de jet. Il dort en prison depuis la mi-janvier. Clergé abuséDepuis l'affaire Madoff, la SEC craint que d'autres escrocs aient tendu leurs filets dans des milieux caritatifs et religieux. Jusqu'à sa mise en examen le 8 janvier, Richard Piccoli, 82 ans, s'était spécialisé dans la gestion de fortunes d'associations catholiques et de prêtres. Selon une publicité de sa société, Gen-See Capital Corp., « les personnes âgées et le clergé sont absolument ravis » par les rendements et l'absence de commission que proposait Piccoli. « L'argent des investisseurs n'a, toutefois, pas été investi dans quoi que ce soit », vient de leur apprendre la SEC. La CFTC, qui régule les marchés dérivés, constate aussi une recrudescence des montages à la Ponzi. Le superviseur a traité quinze cas de ce type l'an dernier. Son président sortant, Walter Lukken, a déclaré au « Financial Times » « qu'au rythme actuel », il en anticipait bien plus en 2009. Le Congrès se demande toujours comment une escroquerie de la taille de celle réalisée par Bernard Madoff a pu échapper aux différents régulateurs. La commission bancaire du Sénat a invité des responsables de la SEC et de la Finra, l'autorité de régulation de l'industrie financière, à venir s'expliquer devant elle le 27 janvier prochain. Éric Chalmet, à New York
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