Le vin australien veut changer d'image pour mieux s'exporter

Après avoir construit sa notoriété internationale en arrosant les marchés européens et nord-américains de vins bon marché, le secteur vinicole australien veut sortir de son marasme actuel grâce à une montée de gamme de ses produits. Un changement de cap destiné à inverser les mauvais chiffres enregistrés par les exportations en 2008. Le 6e exportateur de la planète, qui vend chaque année plus de 60 % de sa production à l'étranger, a vu ses résultats fondre l'an dernier, aussi bien en volume (698 millions de litres, soit - 11,2 %), qu'en valeur (- 18 % pour des ventes de 1,3 milliard d'euros). Une première pour un secteur habitué à établir de nouveaux records chaque année depuis plus de quinze ans. Symbole d'un essoufflement certain, le prix moyen au litre n'a jamais été aussi bas, à moins de 1,78 euro la bouteille. « La logique tarifaire a permis aux vins australiens de se positionner à l'international, mais elle biaise aujourd'hui l'image du produit alors qu'en période de crise, ce sont les vins de standing qui résistent le mieux sur les marchés matures », estime Greg Corra, l'un des principaux exportateurs de vins australiens.Passée l'ivresse de ses premiers succès, l'Australie veut donc crédibiliser sa production, en plaçant en Europe et aux États-Unis des vins plus complexes, plus raffinés, dont la valeur ajoutée compensera la baisse des volumes. Pour se démarquer des autres producteurs du Nouveau Monde, elle va labelliser le passé tout neuf de ses vignobles grâce à un système d'appellation géographique reconnu depuis décembre par l'Union européenne. La filière s'est restructurée pour mettre un terme à la surproduction qui aurait pu lui être fatale au début de la décennie. Le nombre de viticulteurs et la surface des vignobles sont en baisse constante depuis 2005. De quoi justifier une hausse des prix de vente « et développer la notion de terroir en Australie », observe Mathieu Apfel, responsable de production chez Chapoutier Australia, filiale locale de la maison du même nom, célèbre en France pour ses côtes-du-rhône.asie, marché stratégiqueDécidée à se bâtir une réputation sur les tables européennes et américaines qui, ensemble, consomment près de 90 % de ses exportations, l'Australie espère continuer d'écouler ses volumes sur les grands marchés asiatiques. Le Japon et Hong Kong ont permis de limiter les pertes en 2008, et la Chine affiche depuis deux ans des croissances à deux chiffres. Mieux qu'une solution de secours pour le vin australien, qui fait déjà jeu égal avec ses rivaux français ou italiens sur ce marché très prometteur. Olivier Caslin, à sydney
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