L'État finance et observe

Ce n'est pas un parachutage. C'est un glissement de terrain. De l'Élysée, où François Pérol fut depuis quelques mois conseiller matrimonial dans le projet de mariage entre les Caisses d'Épargne et les Banques Populaires, vers la tête d'un ensemble qu'il connaît, pour cette même raison, parfaitement bien. Et c'est précisément cette proximité avec le chef de l'État et le dossier d'une part, et sa nomination à la tête d'un nouveau groupe qui n'a pas su trouver l'homme providentiel en son sein d'autre part, qui fait l'objet de la polémique actuelle.Sur le fond pourtant, est-il illogique de nommer un homme de l'État à la tête d'un groupe qui doit sa survie à l'injection par la puissance publique de 7 milliards d'euros ? À l'Élysée, on n'a jamais fait mystère de ce qu'un soutien public avait pour contrepartie des engagements et qu'à partir du moment où l'État soutenait une banque, il était normal qu'il sache ce qu'il s'y passe. Certes, l'ensemble Caisses d'Épargne-Banques populaires n'est pas Dexia qui, en faillite fin septembre, avait bénéficié d'une injection des pouvoirs publics belge et français et avait vu arriver à sa tête un autre proche de Nicolas Sarkozy (il avait été son directeur de cabinet au Budget de 1993 à 1995), Pierre Mariani, venant de BNP Paribas. Tous deux HEC-ENA, ayant été en cabinet ministériel de Nicolas Sarkozy, sont aussi réputés pour leur connaissance du monde économique et notamment bancaire.À cet égard, nommer à la tête du futur deuxième groupe bancaire français celui qui fut l'artisan du plan de sauvetage de 360 milliards d'euros des banques n'est pas forcément irrationnel. Certes, certains rappellent que François Pérol fut aussi, chez Rothschild de 1995 à 1997, celui qui porta Natixis sur les fonts baptismaux pour le compte des Banques Populaires et que cette banque est tout, sauf un succès. Pour ses défenseurs, c'est l'exécution du montage qui a failli, du fait de l'incapacité de ses deux actionnaires à s'entendre. Des querelles qui, si elles ne sont pas tranchées par un tiers, empêcheront le nouvel ensemble de prendre sa place. Guénaëlle Le Solleu
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