La crise frappe les travailleurs chinois en Roumanie

En face de l'ambassade de Chine, dans les quartiers chics du nord de Bucarest, une centaine d'ouvriers chinois patientent depuis un mois dans une sorte de bidonville qu'ils ont construit eux-mêmes. Ils dorment sous des tentes de fortune faites de bâches en plastique à peine étanches. Mis à la porte de l'hôtel dans lequel ils logeaient, ils dénoncent aujourd'hui le comportement de leur patron roumain, et réclament une aide financière pour rentrer en Chine. « Nous ne sommes plus payés. Le chef nous a donné un logement et un travail, mais du jour au lendemain, dehors ! Où aller maintenant ? » témoigne l'un d'entre eux. À la recherche de salaires décents, ils étaient venus travailler pour des sociétés de construction roumaines, en manque de main-d'?uvre. À l'époque, la plupart avaient payé des commissions allant jusqu'à 8.000 euros pour venir en Roumanie, où les attendaient des emplois payés environ 800 euros par mois. Ils pensaient avoir trouvé leur Eldorado, mais ils ont été les premiers touchés par la crise. « Nous avons tout fait légalement, mais nos ouvriers sont payés à la tache. Et nous avons beaucoup moins d'activité depuis le début de l'année », se défend-on du côté de la direction de l'entreprise. Le secteur de la construction a été particulièrement atteint par la crise en Roumanie. les banques ne prêtent pasAprès une croissance exponentielle, surtout depuis l'entrée du pays dans l'Union européenne, le marché est aujourd'hui au point mort et les investisseurs se rétractent très rapidement. « Il y a encore beaucoup à construire en Roumanie, mais il n'y a plus d'argent », explique Adriana Iftimie, directrice générale à la fédération patronale des entreprises de construction. « On a des commandes, mais on ne signe plus de contrats car il y a un problème de financement. Les banques ne prêtent pas ! » ajoute-t-elle.Le changement est brutal : il y a quelques mois, ce n'était pas l'argent, mais les bras qui manquaient cruellement. Au début de l'année 2008, les syndicats patronaux estimaient encore le besoin en main-d'?uvre dans le domaine de la construction à quelque 300.000 ouvriers. Une pénurie qui s'expliquait, à l'époque, par l'émigration au début des années 2000 de deux à trois millions de travailleurs roumains vers l'Europe de l'Ouest, notamment en Espagne et en Italie. Le boom économique qu'a connu Bucarest à cette époque a donc poussé les entreprises locales à faire appel aux travailleurs asiatiques. « C'est vrai, nous avons dû embaucher des ouvriers chinois. Et si notre activité reprend, nous n'hésiterons pas à le faire de nouveau », concède le patron d'une autre société de construction bucarestoise. Ce ne sera sans doute pas dans l'immédiat. Car si la Roumanie affiche encore un taux de chômage très bas (4,9 % en janvier 2009), les annonces de licenciements sont devenues quotidiennes. Le mois dernier, près de 30.000 emplois ont été supprimés dans le pays. Des perspectives guère rassurantes pour les dizaines de Chinois qui campent au nord de la capitale. ndaniel mihailescu
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