Un pactole de 400 milliards

« Les entreprises françaises ne sont pas en retard à voir les contrats récemment passés, mais elles sont les seules à lorgner sur le marché irakien. » Le diplomate français qui s'exprime connaît bien ce marché de la reconstruction irakienne, évalué à 400 milliards de dollars : depuis quelques mois, confie-t-il, les délégations étrangères se succèdent à Bagdad, répondent au souhait du gouvernement irakien de diversifier les partenaires. Signe de cet empressement, quelques jours seulement après la visite surprise de Nicolas Sarkozy du 10 février dernier, à Bagdad, le ministre des Affaires étrangères allemand débarquait à son tour dans la capitale irakienne, accompagné des dirigeants de Siemens : deux mois plus tôt, le groupe industriel allemand s'était octroyé un contrat de fournitures de turbines (1,5 milliard de dollars), General Electric signant pour 3 milliards de dollars. « En dehors du secteur pétrolier, les transports, l'eau, l'électricité et la sécurité figurent en tête des priorités du pays », détaille notre spécialiste. Degremont, filiale de Suez, un vieux connaisseur de l'Irak ? il a réalisé depuis les années 1960 une trentaine de projets ? a emporté en décembre dernier le marché de l'approvisionnement en eau de la région du Grand Bagdad, un contrat estimé à 150 millions de dollars. Dans le domaine de la sécurité, CS a signé en janvier un contrat lié à un programme de surveillance de Bagdad et des frontières. Eurocopter, de son côté, a annoncé le 20 janvier la vente de 24 hélicoptères de combat (360 millions d'euros). Parmi les rares français à avoir une présence sur place, Lafarge est bien placé pour participer à la reconstruction du pays. En rachetant l'égyptien Orascom en décembre 2007, le français dispose de 2 usines en Irak employant 2.000 personnes (capacité annuelle de 5 millions de tonnes, soit un quart de la production nationale de ciment). Alcatel dispose aussi d'un bureau d'une vingtaine de personnes à Bagdad et d'un centre de formation à Erbil : le français, présent depuis plus de trente ans en Irak, travaille essentiellement avec l'opérateur public IPTC et collabore actuellement sur un projet de télécommunications avec la Banque mondiale.engouementDans les prochains mois, plusieurs autres marchés sont susceptibles de tomber dans l'escarcelle tricolore. Dans le transport aérien, Air France, qui a signé récemment un accord de coopération avec Iraq Airways, pourrait renforcer son alliance. La reconstruction de l'aéroport de Karbala, au centre du pays, intéresse ADPI. Dans le secteur de l'eau, Degremont espère multiplier les contrats après celui de Bagdad. Thales et EADS, positionnés sur le secteur de la sécurité, sont aussi à l'affût, tandis que CMA CGM lorgne les projets de modernisation des ports. Illustration de cet engouement des Français, près de 80 entreprises doivent se rendre aujourd'hui à l'invitation du Medef International, pour rencontrer le ministre du Pétrole irakien et sa délégation. e. C.
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