Le gouvernement tchèque en danger

L'Union européenne sera-t-elle ce soir, au moins sur le papier, sans gouvernail ? Ce n'est pas impossible. Le gouvernement tchèque, qui assure sa présidence jusqu'en juillet, pourrait bien être renversé ce mardi par une motion de censure déposée par l'opposition sociale-démocrate. L'équipe de centre-droit dirigée par Mirek Topolanek, composée de conservateurs « eurosceptiques modérés » (ODS), de chrétiens-démocrates et de Verts, n'a réussi à se maintenir au pouvoir, dans une Assemblée coupée en deux, que grâce à des débauchages ponctuels de députés rebelles du parti social-démocrate (CSSD). À cause de la crise économique, de la débâcle des régionales de l'automne dernier, du rejet par la population d'une réforme de la santé qui voulait imposer à tous des franchises médicales, la tendance s'est inversée. Les divisions intestines affectent aujourd'hui les partis de la coalition gouvernementale. aux deux députées Verts, qui s'opposent à la direction de leur parti, pourraient se joindre l'ancien ministre des Finances, Vlastimil Tlusty, et d'autres « frondeurs » de l'ODS. intrigues Officiellement, le détonateur de la crise a été l'intervention auprès de la télé publique d'un « médiateur » de M. Topolanek, venu censurer un reportage dénonçant les détournements de fonds publics réalisés par un social-démocrate rallié à l'ODS. Le tout se joue sous le regard du président de la République, Vaclav Klaus, fondateur de ce même ODS dans les années 1990, aujourd'hui anti-européen viscéral, qui prend plaisir à intriguer pour détruire un gouvernement dirigé par ceux qui furent « les siens ». Personne à Prague ne semble prêt à miser une couronne sur le résultat d'un vote qui se jouera à deux ou trois voix près. Mais chacun oppose l'arithmétique pure ? désormais favorable au succès du vote de censure ? aux exigences politiques. La République tchèque, à la tête de l'UE, accueillera dans quelques jours Barack Obama pour un sommet UE-États-Unis. La chute du gouvernement Topolanek ferait un peu désordre. Les sociaux-démocrates ont certes promis de laisser en place l'équipe sortante jusqu'à la fin de la présidence tchèque. Mais cette présidence déjà faible deviendrait carrément inaudible, si le pays devait plonger dans une campagne électorale pour des législatives anticipées à l'automne. Ce qui signifie encore moins de capacités à impulser quoi que ce soit à Bruxelles, encore moins de chances de ratifier l'accord sur l'installation sur le sol tchèque d'un radar antimissiles américain auquel les sociaux-démocrates sont hostiles?Vaclav Klaus, chef de l'État libéral très lié aux milieux d'affaires russes, verrait dans la chute du gouvernement une victoire personnelle.n
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