Récession et chômage s'invitent au Royaume-Uni

Cela devrait être officiel aujourd'hui : la Grande-Bretagne est entrée en récession. La première estimation du PIB britannique pour le troisième trimestre va être publiée ce matin, et les économistes prédisent en moyenne un ralentissement de 0,2 %, qui fait suite à une croissance nulle au deuxième trimestre. Les autorités britanniques ont commencé à le reconnaître. " La récession financière internationale va probablement provoquer une récession aux États-Unis, en France, en Italie, en Allemagne, au Japon, et - parce qu'aucun pays ne peut s'isoler - en Grande-Bretagne également ", avait déjà prévenu mercredi Gordon Brown.Cette prédiction ne surprend guère Jay Harrison. À 28 ans, son bonnet bleu enfoncé sur la tête, prenant une pause cigarette à la sortie d'un " job center " d'un quartier pauvre de l'est de Londres, il a de plus en plus de difficultés à trouver un emploi. Le jeune homme, sans qualification, a longtemps enchaîné les petits boulots de manutentionnaire. Mais depuis juillet, il ne trouve plus rien. " Il y a six mois, quand je passais au job center, il y avait au moins une trentaine de petites annonces. Aujourd'hui, il n'y en avait que trois. "Le ralentissement économique se concrétise par le grand retour du chômage outre-Manche. De juin à août, le nombre de chômeurs a fait un bond de 162.000 personnes, à 1,8 million. Le taux est passé de 5,2 % à 5,7 %, au plus haut depuis l'an 2000. La barre symbolique des 2 millions de chômeurs devrait être franchie d'ici à la fin de l'année.Ayleen, une jolie blonde de 31 ans élégamment habillée, en sait quelque chose. Assistante dans une entreprise organisant des conférences, elle a été licenciée le mois dernier. Mais elle avait vu les choses venir et, depuis le début de l'été, elle s'était mise à la recherche d'un emploi. " Je ne crois pas que j'arriverais à obtenir quelque chose d'ici à la fin de l'année, estime-t-elle, pessimiste. Et je suis prête à faire preuve de flexibilité, en acceptant une baisse de salaire, jusqu'à un recul de 2.000 livres [2.500 euros] par an. " Soit un sacrifice de presque 10 % de son ancien salaire.Le ralentissement touche tous les secteurs, mais l'immobilier est particulièrement secoué. Akram Tramboo a créé il y a trois ans une petite entreprise proposant aux agents immobiliers de modéliser les rues en 3D, afin de montrer à leurs clients les propriétés. " L'an dernier, j'utilisais trois photographes pigistes. Désormais, je n'en ai plus qu'un seul. " Mondialisation oblige, le ralentissement de son activité va aussi toucher l'Inde. " J'employais neuf personnes en Inde, pour les tâches informatiques, mais je n'en ai plus que cinq. "RETOUR AUX PIRES ANNEES Tous les signaux économiques indiquent que le ralentissement ne fait que commencer. La récession devrait durer sur l'ensemble de 2009. Le chômage suivra donc : " Nous prévoyons trois millions de chômeurs d'ici à fin 2010 ", estime Vicky Redwood, économiste à Capital Economics. Cela signifierait un retour aux pires années de la crise sous Margaret Thatcher.
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