Une bouffée d'oxygène pour 2009

La récession est en train de semer les graines de la reprise. La chute de la demande dans les pays industrialisés a fait plonger les cours du pétrole sous les 50 dollars le baril alors qu'ils tutoyaient encore les 150 dollars cet été. Les automobilistes pestent de ne rien voir venir à la pompe. C'est inexact. Le SP 95 est passé de 1,47 euro le litre en juillet à 1,17 euro, selon l'Union française des industries pétrolières (Ufip). La fiscalité (85 % du prix) et la remontée du dollar expliquent que la baisse des prix à la pompe soit loin d'être proportionnelle à celle du brut. Mais elle est réelle et devrait se poursuivre dans les semaines qui viennent. La baisse des cours du pétrole ? et de l'ensemble des matières premières ? est une excellente nouvelle pour les économies développées, grandes importatrices de ces produits. Elle correspond en effet à un énorme transfert de pouvoir d'achat des pays producteurs vers les pays consommateurs. L'inflation française passerait ainsi de 3,6 % en juillet à 0,6 % fin 2009, selon l'OFCE. Une bonne nouvelle pour les consommateurs dont le pouvoir d'achat a été sérieusement mis à mal cette année par la flambée des prix alimentaires et des carburants. Et, pour la Banque centrale européenne (BCE) dont les marges d'action pour poursuivre la baisse de ses taux d'intérêt se renforcent. L'OFCE a calculé qu'une baisse de 15 dollars du prix du baril entraîne, toutes choses égales par ailleurs, un surcroît de croissance de 0,2 point de PIB au bout d'un an. En prenant comme hypothèse que les cours du pétrole se maintiennent autour de 50 dollars le baril en 2009 après 100 dollars en moyenne en 2008, le troisième contre-choc pétrolier pourrait apporter un surplus de croissance de l'ordre de 0,6 point de PIB l'an prochain, ce qui est loin d'être négligeable dans le contexte actuel.AMORTIRLes pays producteurs de pétrole constatent en revanche une chute de leurs revenus que l'Opep entend enrayer lors de sa prochaine réunion le 29 novembre. C'est évidemment une mauvaise nouvelle pour les industriels européens qui bénéficient du boom économique du Golfe. Mais ces pays ne consomment qu'une fraction de la manne pétrolière. Le taux d'épargne national (ménages, entreprises, État, Fonds souverains) des pays membres de l'Opep dépasse les 40 % du PIB. Une baisse des revenus pétroliers se traduira d'abord par une baisse de ce taux d'épargne avant de toucher les importations. Les pays producteurs ayant une propension à consommer très inférieure à celle des pays développés, une baisse des cours du pétrole est une bonne nouvelle pour la croissance mondiale. Pour les industriels européens, elle s'accompagne en plus d'un recul de l'euro par rapport au dollar qui renforce la compétitivité des produits « Made in Europe ». Il ne faut néanmoins pas tout attendre de la chute du pétrole. Ce troisième contre- choc pétrolier ? qui risque en outre d'être de courte durée ? permettra au mieux d'amortir l'une des récessions les plus sévères de l'après-guerre.Xavier Harel
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