Le marché obligataire offre des opportunités

L'absence de liquidité a quelquefois des bons côtés. Elle peut en effet créer des opportunités d'investissement qui n'existeraient pas si le marché était parfaitement arbitré. Ainsi, les stratégistes de marché sont-ils de plus en plus nombreux à souligner la configuration exceptionnelle du marché du crédit. Et certains gérants n'hésitent pas à délaisser totalement les actions pour se reporter sur la dette corporate (émise par les acteurs privés comme les entreprises et les institutions financières) et sur les convertibles. Si ce choix peut paraître étrange compte tenu de l'absence de liquidité de ces marchés et des perspectives de récession, il n'en est pas moins rationnel pour des acteurs qui ont la capacité de conserver les titres quelque temps.Dans une étude publiée la semaine dernière, le directeur des recherches économiques de Natixis, Patrick Artus, estime ainsi « qu'un investisseur même très prudent peut aujourd'hui investir en obligations d'entreprises ». Pourquoi?? Comme les actions, le crédit apparaît aujourd'hui très sous-évalué. « Les spreads [marges de rémunération supplémentaire par rapport au rendement des emprunts d'État] de crédit impliquent une hausse des taux de défaut à un an de 4 à 21 %. Or, au plus haut, en 1933, ceux-ci avaient atteint 15 % », signalent les analystes actions de Credit Suisse. « Aujourd'hui les spreads compensent très largement le risque de défaut des émetteurs corporate », renchérit Stefan Isaacs, gérant obligataire chez M&G. Vendredi, Carrefour a placé un emprunt obligataire de 700 millions d'euros à cinq ans qui offre un coupon de 6,625 %, jeudi et mardi dernier, EDF a émis 2 milliards d'euros de dette à quatre ans portant un coupon de 5,625 % par exemple. Pour Suki Mann, stratégiste crédit à la Société Générale, « les émetteurs ont compris qu'il fallait payer davantage pour placer de la dette?: en moyenne une prime de 80 à 120 points de base pour les entreprises sûres comme les utilities [entreprises de service aux collectivités] et de 200 à 300 points de base pour les autres ».En outre, la liquidité, si elle ne circule toujours pas, reste extrêmement abondante. De quoi, a priori, faire remonter le prix des actifs risqués quand la baisse des taux d'intérêt conduira les investisseurs à rechercher des rendements plus élevés que ceux des emprunts d'État.Enfin, le crédit présente nombre d'avantages par rapport aux actions dans le cas d'un scénario de déflation à la japonaise.cours toujours déprimés« Dans un tel scénario, si les prix des actifs ne remontent pas malgré l'abondance de liquidité, les spreads de crédit restent anormalement larges alors que les cours boursiers sont toujours déprimés », signale Patrick Artus. Dans ce cas, si le rendement des actions ne vient que des dividendes (il n'y a pas de plus-values en capital), les obligations corporate offrent, elles, des spreads de crédit très larges pour un risque de défaut négligeable. « Au Japon, la profitabilité des entreprises a augmenté et les taux de défaut sont restés bas », poursuit le directeur de la recherche de Natixis.« un investisseur même très prudent peut investir en obligations corporate. »
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