Le « Tigre des Tatras » a perdu de sa superbe

Ils étaient bien peu à parier sur l'avenir économique de la Slovaquie lorsque, le 1er janvier 1993, elle se sépare de la République tchèque. Le pays est alors dominé par l'industrie lourde destinée aux « pays frères ». L'agriculture y représente encore 7 % du PIB et 10 % des emplois. Jusqu'en 1998, les gouvernements de Vladimir Meciar limitent l'entrée des capitaux étrangers, réservant les privatisations à des Slovaques et menant une politique de grands travaux qui fait exploser la dette publique. Mais en 1998, le centre droite, mené par Mikulas Dzurindza, déclenche un « choc libéral » et ouvre le pays aux investisseurs étrangers. Attirés par les faibles salaires et des conditions fiscales favorables, ces derniers inondent le pays de devises. L'industrie automobile fait de la Slovaquie son usine pour l'Europe. Après des débuts difficiles, cette politique paie et le taux de croissance explose, passant de 5 % en 2002 à plus de 10,4 % en 2007. Le PIB par habitant dépasse alors celui de la Pologne et de la Hongrie et se rapproche du Portugal. Le Petit Poucet de 5 millions d'habitants devient le « Tigre des Tatras », du nom du massif qui domine le pays, et grille la politesse à tous ses grands voisins pour l'entrée dans la zone euro.risque de dérapage budgétaireCe développement rapide ne gomme cependant pas la différence profonde entre la capitale et l'est du pays, encore très en retard. Mais surtout, désormais, la crise a atteint les Tatras. Au quatrième trimestre 2008, la croissance n'était plus que de 2,7 %, contre 7 % au cours des neuf premiers mois. La situation est certes moins grave qu'en Hongrie, déjà en récession, mais le coup de frein est réel. Le recul de la production automobile devrait atteindre 2,1 % cette année et les investissements étrangers s'affaiblir. La Banque centrale ne prévoit qu'une croissance de 2,1 % cette année, ce qui n'est pas si mal. Mais le risque de voir la situation empirer reste présent. Le gouvernement, qui a bouclé un plan de relance de 332 millions d'euros comprenant notamment des incitations à l'embauche, va voir son déficit budgétaire tutoyer la limite de 3 % du PIB. Quant à l'euro, il protège désormais le pays des turbulences monétaires que connaissent ses voisins. Mais il ôte au pays la possibilité d'une « dévaluation compétitive », ce qui conduira à des ajustements, forcément douloureux. R. G.
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