Endesa passe aujourd'hui sous le contrôle d'Enel

énergieCe sera l'épilogue de la plus grande bataille jamais livrée dans le secteur énergétique espagnol : celle pour le contrôle d'Endesa. C'est ce jeudi, en effet, que les deux alliés qui ont pris le contrôle de l'électricien espagnol, Enel et Acciona, formalisent leur divorce à l'amiable décidé en février. L'électricien italien rachète les 25 % du capital d'Endesa détenus par le groupe de BTP espagnol, portant sa participation totale à 92 %. Le montant de l'opération s'élève à 11,1 milliards d'euros : 8 milliards en cash et le reste en actifs de production renouvelable d'Endesa (quelque 2.100 mégawatts), l'un des axes de développement prioritaires d'Acciona, qui dispute a son compatriote Iberdrola le titre de leader mondial de l'énergie verte.succession d'embûchesL'Espagne voit ainsi l'un de ses grands électriciens passer aux mains d'un groupe étranger, dont le capital est détenu en sus à hauteur de 31 % par l'État. Paradoxale issue pour le gouvernement socialiste, qui était pourtant abondamment intervenu pour favoriser la naissance d'un « champion national ». Ce que semblait destiné à devenir Endesa au début de la bataille, lorsque Gas Natural, le leader gazier espagnol, lance en septembre 2005 une OPA hostile sur l'électricien pour accélérer la convergence entre gaz et électricité. L'opération a l'appui du gouvernement, mais elle se heurte à l'opiniâtre opposition du président d'Endesa, Manuel Pizarro, devenu, depuis, député de l'opposition conservatrice. Pizarro trouve un chevalier blanc, l'allemand E.ON, qui annonce en février 2006 une OPA sur Endesa. C'est sans compter avec l'opposition du gouvernement espagnol, qui multiplie les embûches sur le chemin des Allemands. Reste, pour leur fermer définitivement la voie, à trouver un repreneur national : Acciona, qui entre en septembre 2006 au capital d'Endesa. Mais le groupe de BTP ne disposant pas des ressources financières suffisantes, est forcé de trouver un partenaire : Enel. Face aux pressions de Madrid, E.ON déclare forfait en avril 2007, en échange d'une série d'actifs d'Endesa en Europe. La lune de miel entre les deux alliés méditerranéens ne va toutefois pas durer, vu le déséquilibre de l'accord les unissant : parité dans la gestion et présidence espagnole alors qu'Enel a 67 % du capital et Acciona 25 % seulement.deux perdantsLa rupture consommée aujourd'hui était donc à prévoir. Mais cette bataille aura fait deux perdants : le gouvernement, très interventionniste sur le dossier sans même obtenir le résultat escompté, et surtout Endesa, naguère leader incontesté de l'électricité espagnole (il sera dépassé par Iberdrola en 2009), qui s'est vu peu à peu dépecé, ayant cédé la plupart de ses actifs en Europe à E.ON, puis ses actifs « verts » à Acciona.Thierry Maliniak, à Madrid
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