Ils ont dégoupillé les codes du médium, exploré de nouvelles formes, creusé des sujets rarement abordés auparavant. Âgés de 25 à 35 ans, venus de tous les continents, ces photographes ont fait des seventies l'une des périodes les plus prolifiques de l'histoire de la photographie. Et imposé le médium comme un excellent moyen d'analyser le quotidien dans sa complexité. Il n'en fallait pas moins pour que PhotoEspaña consacre une exposition à cette décennie.Formidables années 1970, qui voient le monde se transformer. L'Afrique est enfin indépendante et la jeunesse pleine d'espoir, comme le montrent les portraits du Malien Malick Sidibé. Mais, en Afrique du Sud, l'apartheid s'est installé. Pour en rendre compte, David Goldblatt se focalise sur des détails qui disent l'invisible. Et fait par exemple poser deux jeunes Noirs avec ce « carnet de référence » qu'ils doivent faire valider pour se rendre dans les quartiers blancs.Les femmes, elles, revendiquent l'égalité, ce qui inspire à l'Américaine Cindy Sherman une série caustique dans laquelle elle se déguise en mère de famille ou en mamma noire pour dénoncer les stéréotypes qu'on a collés à ses semblables. Ces photographes se plaisent aussi à pousser le médium dans ses retranchements. Boltanski fait ?uvre à partir de photos de famille réalisées par des amateurs. Sophie Calle mitonne ses fictions autobiographiques dans des séquences mêlant l'image au texte. Et William Eggleston emprunte la couleur à la mode et à la pub, au profit de l'art.Il se dégage une énergie folle et communicative de ces images présentées côte à côte. Et c'est au final une magistrale leçon de photographie que donne cette exposition. Y. Y., à Madrid.« Años 70. Fotografia y vida cotidiana », Teatro Fernan Gomez à Madrid. Jusqu'au 26 juillet. www.phe.e

latribune.fr

07 Juill 2009, 1:47

Partager :