« économiquement, les deux pays ont besoin l'un de l'autre »

Mark Thirlwell, économiste au Lowy Institute for International Policy de Sydney « La Tribune ». Le contrat gazier signé cette semaine intervient alors que les relations diplomatiques entre la Chine et l'Australie sont actuellement très tendues. Comment expliquez-vous cette contradiction ?Mark Thirlwell. Les relations entre les deux pays n'ont jamais été simples. Depuis ces dernières années, elles se sont considérablement approfondies et élargies, mais elles se sont également complexifiées. Les divergences politiques restent nombreuses alors qu'économiquement, les échanges n'ont jamais été meilleurs. La Chine a notamment pris une part prépondérante dans l'économie australienne ces derniers mois avec la crise. Elle tente donc d'en tirer parti en essayant de peser sur le débat politique australien.Avec le risque de développer un sentiment négatif en Australie envers la Chine ?Jusqu'à un certain point seulement. Les deux pays ont compris depuis longtemps qu'économiquement ils ont besoin l'un de l'autre. La Chine fournit ses produits manufacturés à l'Australie qui paye en échange avec ses matières premières agricoles et minières. Les deux économies sont donc très complémentaires et de plus en plus imbriquées. C'est d'ailleurs pour cela que les investissements chinois, qui ont été multipliés par cinq ces trois dernières années, ne sont pas toujours vus d'un très bon ?il en Australie. En cherchant à mettre la main directement sur une partie du domaine minier, la Chine inquiète les Australiens, surtout lorsque les investissements viennent d'entreprises possédées en partie par le gouvernement central de Pékin.Justement, le récent refus des actionnaires de Rio Tinto de s'engager avec Chinalco a-t-il laissé des traces en Chine ?Oui, et l'arrestation des dirigeants du géant minier, accusés de corruption et d'espionnage industriel par le gouvernement chinois en est la dernière illustration. Même si le gouvernement fédéral n'y est pour rien, cette opération avortée a un impact très négatif sur les relations entre les deux pays.La Chine est tout de même aujourd'hui le premier partenaire commercial de l'Australie après avoir détrôné le Japon en 2007?Pour le meilleur seulement. Ce sont deux pays très pragmatiques. Le développement économique de la Chine a permis aux Australiens de passer la crise sans trop de mal, pendant que l'Australie reste un fournisseur de matières premières très fiable et très compétitif pour les Chinois. Les intérêts communs sont donc évidents et les relations sont plus équilibrées qu'il n'y paraît. La Chine est peut-être le premier partenaire économique de l'Australie et une puissance mondiale en devenir mais que pourrait-elle faire sans les minerais australiens ? Propos recueillis par O. C., à Sydney
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