Max Ernst, Démons et Merveilles

expositionUn peu comme si Grandville rencontrait le marquis de Sade pour aller ensemble badiner avec Kafka. C'est dans cet esprit qu'il faut regarder les 184 collages originaux de Max Ernst, baptisés « Une semaine de bont頻, actuellement présentés au Musée d'Orsay. Un roman-collage, comme l'appelait l'artiste. Les histoires fantastiques et érotiques qui y sont contées n'ont à ce jour été dévoilées au public qu'une seule fois. C'était en 1936, pour une exposition au Museo Nacional de Arte Moderna de Madrid.Cette « Semaine de bont頻 est le troisième ouvrage du genre après « la Femme 100 têtes » et « Rêve d'une petite fille qui voulait entrer au carmel ». Aujourd'hui, l'ensemble appartient à l'ancien patron de presse Daniel Filipacchi.C'est au cours de l'été 1933 que Max Ernst compose cette ?uvre unique. Il est en villégiature à Vigoleno, en Italie, invité dans le château de la duchesse de Gramont qui reçoit aussi bien d'Annunzio, Douglas Fairbanks, Jean Cocteau qu'Elsa Maxwell. Max Ernst trouve dans la bibliothèque du lieu de quoi satisfaire son désir de collages. Il y a là des ouvrages illustrés du XIXe siècle qu'il apprécie beaucoup. Des romans populaires pour la plupart qui paraissent en feuilletons. Il découpe aussi bien les gravures de « Paradis perdu » de Gustave Doré que « Dracula » de Bram Stoker.calendrier des fantasmes« Une semaine de bont頻, titre ironique s'il en est, se présente sous forme de cinq cahiers, chacun d'une couleur différente. À chaque jour son fantasme. Ça commence par dimanche, que l'on pourrait appeler le « jour du saigneur », tant il y est question de violence et de sexe. L'homme s'y présente avec une tête de lion. Dominateur, il s'abîme dans des jeux érotiques permanents, la femme soumise à tous ses caprices.Le lundi voit l'eau envahir chambres et tout autre lieu où se pratique le plaisir. La femme est une sorte de bourgeoise ophélienne en attente de désir. Le mardi, le dragon, une bête immonde, s'impose entre l'homme et la femme, métaphore de toutes les pulsions sexuelles refoulées. Le mercredi offre à ?dipe une tête d'oiseau, tandis que les trois derniers jours de la semaine sont réunis en un même chapitre. Jeudi éclate du rire du coq où l'autorité impose sa loi pour maîtriser le sexe. Vendredi cerne au plus près les corps dans une sorte de pureté perverse. Quant à samedi, le jour dévoile la femme seule dans son désir, le sexe en rêve.Tout au long de ce parcours, on est saisi par la virtuosité des collages que Max Ernst a souvent retravaillés au crayon et à la gouache. Ce travail, comme le découpage, sont invisibles. Cela donne à « Une semaine de bont頻 la dimension d'un ?uvre qui transcende le rêve en réalité. Pour la plus grande joie des fantasmes de chacun. nMusée d'Orsay, 1, rue de la Légion-d'Honneur, Paris VIIe, tél. : 01.40.49.48.14. Tous les jours (sauf le lundi) de 9?h?30 à 18 heures, jeudi jusqu'à 21?h?45. Jusqu'au 13 septembre. Catalogue : Éditions Gallimard/Fundacion Mapfre, musée d'Orsay, 45 euros.
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