Ces maladies qui font rêver les laboratoires

Le bilan dressé la semaine dernière par le Leem (syndicat patronal des entreprises du médicament) est édifiant : sur les 31 produits nouveaux ou extensions d'indications approuvés en 2008 par les autorités de santé françaises, près de la moitié (12) sont des spécialités d'oncologie (traitement des cancers). La situation hexagonale reflète l'état de la pharmacie mondiale : « Un tiers de l'ensemble des molécules en essais cliniques dans le monde, soit 650 produits, est destiné au traitement du cancer », souligne Alain Gilbert, associé au sein du cabinet de conseil Bionest. De fait, alors que la recherche baisse en productivité, les grands laboratoires se concentrent sur un nombre réduit de pathologies? rentables. Au risque d'en délaisser d'autres, les antiobiotiques par exemple.Dans le trio de tête des pathologies qui focalisent l'attention des labos, on trouve, outre le cancer, le traitement du diabète et la maladie d'Alzheimer. Dans le cas du cancer, l'intérêt des labos peut s'expliquer par l'ampleur de la maladie, qui est responsable de 12 % des décès dans le monde, et sa relative protection contre les génériques. Le suisse Roche demeure, grâce à sa filiale de biotech Genentech, le leader incontesté d'un marché qui progresse deux fois plus vite que l'ensemble du secteur (+ 10 % par an contre 5 % pour la pharmacie). D'autres grands labos s'invitent sur ce segment ? l'américain Pfizer y consacre plus de 30 % de ses efforts de R&D ?, mais « les coûts d'entrée sont particulièrement élevés pour un nouveau venu », explique Alain Gilbert. Chaque molécule est en effet testée sur deux à cinq indications, ce qui augmente les coûts de développement.À cela s'ajoute la complexité des procédés : « La probabilité pour un produit en phase 1 [sur 3 phases de développement, Ndlr] d'atteindre le marché est de 3 %, soit près de trois fois inférieure à la moyenne de l'industrie (8,5 %) », note la présidente de Roche Pharma, Sophie Kornowski-Bonnet. Mais s'il intéresse tant les labos, c'est que le marché de l'oncologie leur permet de rentrer dans leurs frais. « Une fois prouvée l'efficacité d'un produit, le rapport de prix par rapport à un médicament de ville peut être de 1 à 1.000 », indique Alain Gilbert. Et ce alors que la distribution à l'hôpital réduit considérablement les frais commerciaux et marketing (visiteurs médicaux?).alimentation trop richeDeuxième axe de recherche prometteur pour les labos : le diabète et sa cascade de complications (cholestérol, hypertension, infarctus, accidents cérébraux?), connues sous le nom de « syndrome métabolique ». Le nombre de diabétiques (180 millions dans le monde) devrait doubler d'ici à 2030, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), notamment avec l'explosion du nombre de cas dans les pays en développement sous l'effet d'une alimentation trop riche. « Pour l'heure, ce marché pèse seulement une vingtaine de milliards de dollars mais il devrait tripler dans les années à venir », indique Alain Gilbert. Le leader en est le danois Novo Nordisk (6 milliards d'euros de chiffre d'affaires attendus en 2008).Le dernier marché qui intéresse les labos est plus embryonnaire : il s'agit des maladies neurodégénératives et plus spécifiquement la maladie d'Alzheimer. Pour l'heure, les médicaments commercialisés permettent de ralentir la progression de la maladie, pas de l'arrêter. Le marché est attendu à 8 milliards de dollars (6,2 milliards d'euros) à l'horizon 2010.
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