Bouygues et la RATP face au défi du train sud-africain

Ici un aéroport en chantier, là un viaduc de 7 km qui sort de terre, plus loin les fondations d'une station de métro? Dans la province de Gauteng, en Afrique du Sud, les projets d'infrastructures se multiplient, à un peu plus d'un an du coup d'envoi de la Coupe du monde de football, le 11 juin 2010. Le chantier phare ? La première ligne ferroviaire à grande vitesse (160 km/h), nommée Gautrain. Pour 2,6 milliards d'euros et sur 80 km, elle doit raccorder Johannesburg, la capitale Pretoria et l'aéroport à l'horizon 2?011. Avec une grande inconnue : la première phase du chantier, reliant en 15 minutes l'aéroport au quartier d'affaires Sandton, où se concentrent les grands hôtels de la région, sera-t-elle terminée pour le Mondial ?« La province du Gauteng [qui finance 88 % du projet, Ndlr] veut terminer cette portion avec un mois d'avance, alors que nous accusons déjà des retards dus à la livraison tardive des terrains », expliquait mardi le directeur général de Bouygues Construction Concessions, Charles Paradis. « Techniquement, c'est possible? mais cela demande un apport financier supplémentaire important ! » ajoutait ce dernier, membre d'une délégation française en visite sur place cette semaine, à l'initiative de la RATP.Les deux groupes français, associés au sein du consortium à dominance franco-sud africaine Bombela, sont respectivement chargés du génie civil et de l'exploitation future du Gautrain. Bouygues mais aussi le canadien Bombardier font partie des concessionnaires soutenant ce partenariat public-privé (PPP) à hauteur de 12 %, soit 312 millions d?euros. Pour Bouygues, Gautrain représente plus de 7 milliards d'euros de chiffre d'affaires. La RATP, chargée de l'exploitation sur quinze ans, estime le sien à 900 millions. Et Bombardier en espère plus de 1 milliard d'euros. Appelé à livrer six trains (sur les vingt-quatre du projet total) avant le Mondial, le canadien chiffre l'accélération du chantier à 27 millions d'euros.un plan BPour ce qui est d'une éventuelle rallonge, « nous prendrons notre décision en juin, après avoir nous-mêmes évalué les coûts », a précisé à « La Tribune » le responsable du projet pour la province du Gauteng, Jack Van Der Merwe. « Mais nous avons un plan B, consistant à intensifier notre réseau de bus, pour un surcoût limité à 10 millions d'euros », a-t-il insisté. Du côté de Bouygues, le surcoût est sans commune mesure. Pourtant, en termes d'image, il semble inconcevable que le Gautrain ne roule pas pour la Coupe du monde. « D'autant que ce lancement serait idéal pour convaincre les Africains de délaisser leur voiture », note le directeur général au développement du groupe de la RATP, Jean-Marc Janaillac. Le Gautrain promet de mettre Pretoria à quarante minutes de Johannesburg, contre deux heures par la route en période de pointe. Pour lutter contre la criminalité omniprésente, qui dissuade la population, la RATP coordonnera le déploiement de 600 caméras dans les trains ainsi que de 1.200 agents de sécurité dans les rames et les dix stations du Gautrain. Marine Relinger, à Johannesburg
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