Mort de Max Théret, père de la Fnac

Max Théret, ex-militant trotskiste passé au socialisme, ancien combattant de la République espagnole, ancien résistant, est décédé à 96 ans. En 1953, ce fils d'un maroquinier avait rencontré André Essel, également militant antifasciste et trotskiste. L'année suivante, les deux hommes ont fondé la Fédération nationale d'achat des cadres (Fnac) dans un appartement du boulevard de Sébastopol, à Paris. Il s'agissait alors d'un club d'achat de matériels photographiques proposant de fortes remises à ses adhérents.La Fnac s'est ensuite étendue, avec l'ouverture de nouveaux magasins à Paris, Lyon, puis dans toute la France. Les livres vendus moins cher qu'en librairie traditionnelle et le matériel high-tech sont venus peu à peu compléter l'offre proposée aux adhérents. Pour les deux fondateurs, « l'action pour le consommateur complète l'action politique ». « tête pensante »En 1977, la majorité du capital de la société est vendue à la Société générale des coopératives. Max Théret demeure alors simple administrateur, mais reste la « tête pensante » du groupe. En 1980, la Fnac entre en Bourse. Mais l'enseigne a pris un virage décisif avec son rachat par le groupe de distribution et de luxe PPR (ex-Pinault-Printemps-Redoute) en 1994. Aujourd'hui, avec 4,58 milliards d'euros de chiffres d'affaires en 2008, la Fnac représente la première activité du groupe PPR. Présente dans une dizaine de pays, elle emploie 20.000 salariés, dont 11.800 en France.Adhérent de la SFIO en 1930, Max Théret avait été un temps secrétaire de Léon Trotski. Marginal inclassable, il récusait le terme de « patron de gauche ». En mai 68, avec André Essel, il avait occupé les locaux du CNPF, le prédécesseur du Medef. Max Théret a accompagné la gauche au pouvoir à partir de 1981. Il a été sollicité pour des aides financières, notamment pour renflouer le journal « Le Matin de Paris », en 1985. La politique de vente de la Fnac a contribué à la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre, pour défendre les petites librairies face à la concurrence des magasins du groupe. Seul revers dans sa vie, Max Théret a été rattrapé par les « affaires » pendant le second septennat de François Mitterrand et condamné à deux ans de prison avec sursis et 381.000 euros d'amende en 1994 dans le procès pour délit d'initié de l'affaire Pechiney. André Essel est décédé en 2005.HÉLÈNE FONTANAUD, (avec agences)
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