Un soutien indéfectible des investisseurs internationaux

Les États-Unis sont sans doute le seul pays à pouvoir augmenter leur dette dans de telles proportions sans provoquer une envolée de leurs taux d'intérêt. Explosion du déficit budgétaire oblige, les émissions de bons du Trésor américain se multiplient mais, privilège de la première puissance mondiale, l'intérêt des investisseurs ne se dément pas. Ainsi, cette semaine, le Trésor aura levé 94 milliards de dollars de dette sur le marché obligataire. Un record. Et pour 2009, le besoin de financement total des États-Unis pourrait atteindre 1.650 milliards de dollars ? contre 724 milliards de dollars en 2008 ? si l'on se fie aux estimations des économistes de Morgan Stanley. Ces derniers tablent par ailleurs sur une augmentation du déficit budgétaire jusqu'à 13 % du PIB cette année.pris au piègeEn théorie, cette offre accrue de « papier » devrait faire baisser le prix des emprunts d'État américains, c'est-à-dire monter les rendements (les prix et les rendements des obligations évoluent en sens inverse). En théorie seulement?! La hausse des rendements reste en effet modérée au regard des besoins d'émission du Trésor américain. Les taux américains à 10 ans sont passés de 2 % à 3 % entre décembre dernier et le début du mois de février et depuis, ils évoluent autour de 2,80 %.Pourquoi?? D'abord parce que les bons du Trésor américains bénéficient de leur statut de valeur refuge (notés triple A par les agences de notation, ils sont considérés sans risque) et qu'ils constituent les emprunts d'État les plus liquides au monde. Mais aussi parce que les principaux détenteurs de dette américaine sont en quelque sorte pris au piège. S'ils ne veulent pas voir leurs actifs se déprécier, ils doivent continuer à acheter des bons du Trésor. En décembre 2008, les stocks de dette respectifs détenus par la Chine et le Japon s'élevaient à 696 et 578 milliards de dollars. Les États-Unis étant en plus un marché capital pour les exportations de ces pays, l'on comprend que la Chine et le Japon ont tout intérêt à empêcher ? par une politique d'achats massifs de bons du Trésor ? une remontée brutale des taux d'intérêt américains susceptible d'étouffer la reprise outre-Atlantique.des économistes inquietsPour les États-Unis, cette manne pourrait finir par avoir un goût amer. Déjà, certains économistes s'inquiètent de la façon dont la Chine pourrait monnayer son soutien au marché américain. Difficile en effet d'exiger une réforme du secteur financier chinois ou une appréciation du yuan, si le financement du déficit budgétaire dépend du bon vouloir des autorités chinoises. Sophie Rolland
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