Euronext s'appuie sur des ONG pour décarboner les sociétés européennes

Des ONG à l'origine d'un indice boursier. Étonnante au départ, l'idée n'a rien de saugrenu lorsqu'il s'agit de climat. Pour convaincre les grandes entreprises européennes de la nécessité d'émettre moins de CO2, les associations AgriSud, GoodPlanet et WWF ont travaillé deux ans à la mise en place d'un indice qui puisse inciter les entreprises à agir contre le changement climatique. Leur collaboration avec la mission climat de la Caisse des dépôts et avec la branche ISR (investissement socialement responsable) de Cheuvreux ont abouti à l'indice Low Carbon 100, lancé par Euronext à l'automne dernier. Un panier « destiné à devenir une référence », selon Jean-François Théodore, directeur général d'Euronext, qui regroupe les meilleurs élèves européens en matière d'émissions de CO2 : ceux qui émettent le moins par secteur d'activité, et surtout qui tendent à réduire leurs émissions de CO2 d'une année sur l'autre. « 90 % de la note repose sur les performances en termes d'émissions, et 10 % sur la communication des entreprises sur le sujet », explique Christian de Perthuis, responsable de la mission climat à la CDC. Conçu comme un moyen de pression par ses instigateurs, l'indice est aussi censé faire mieux que le marché, tant l'urgence du réchauffement climatique transforme l'émission de gaz à effet de serre en coût pour les entreprises. Depuis son lancement, mi-octobre, l'indice a perdu 15 %, là où l'EuroStoxx 50 fondait de 18 %.RigoureuxContrairement aux indices classiques sur le carbone que de nombreuses banques proposent, en se contentant de rassembler les sociétés peu émettrices de CO2 sur la base de leurs déclarations, la conception de l'indice Low Carbon semble reposer sur une méthodologie rigoureuse. Les émissions de CO2 sont en effet vérifiées par une société de recherche environnementale, Trucost, et la composition de l'indice change suffisamment souvent pour que les élus ne se reposent pas sur leurs lauriers. Ainsi, Air France vient de sortir de l'indice, tout simplement parce que les autres compagnies aériennes présentaient de meilleurs scores en matière de gaz à effet de serre. Et PPR a eu beau financer le dernier film de Yann Arthus-Bertrand, il vient également d'en être éjecté, et « devrait tout faire pour y rentrer de nouveau », avance Yann Arthus-Bertrand.L'indice est toutefois suffisamment laxiste pour que la moitié du CAC 40 y ait accès ; en même temps, l'absence de Total ou de la Société Généralecute; Générale est d'autant plus visible. Et, à terme, la sélectivité devrait s'accentuer, avec une augmentation du nombre de sociétés concernées, qui ne sont que 300 à ce jour. Aline Robert
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