La guerre des changes est engagée

Le consensus des économistes anticipe une parité euro/dollar autour de 1,31 dans six mois. Nous avons allégrement dépassé ce niveau ces derniers jours avec une chute brutale du dollar contre l'euro de près de 8 % en à peine deux semaines. Trois éléments ont précipité la chute de la monnaie américaine. D'abord, les dernières statistiques sur les flux du mois de janvier ont montré des sorties nettes de capitaux record à 148,9 milliards de dollars aux États-Unis. Cette désaffection relative pour le billet vert est nouvelle et traduit bien les doutes sur la capacité du dollar à rester la seule monnaie de réserve. Ensuite, la balance commerciale chinoise s'est effondrée en février à un plus-bas de trois ans à 4,8 milliards de dollars, bien loin des 40 milliards de dollars de novembre dernier. Or, ce sont les excédents commerciaux chinois qui ont poussé la banque centrale à accumuler des montants colossaux de réserves de change, permettant ainsi une baisse ordonnée du dollar de 2002 à 2008. Aujourd'hui, le portefeuille de titres américains détenus par les Chinois est considérable?: il est estimé à 1.700 milliards de dollars, dont 900 milliards d'obligations du Trésor et de bons à court-moyen terme, 600 milliards de titres des agences hypothécaires et 150 milliards d'obligations corporates. Ces réserves de change ne peuvent être rapatriées au risque de provoquer un effondrement du dollar et une envolée du yuan. Le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, a d'ailleurs demandé à Washington de garantir la sécurité des actifs chinois de peur de voir la valeur de ses réserves fondre comme neige au soleil. Le dernier facteur expliquant la chute du dollar est la décision de la Fed d'injecter jusqu'à 1.150 milliards de dollars en faisant marcher la planche à billets.Des doutes de plus en plus grands sur le rôle de valeur refuge du dollar se font jour, et certains pays exportateurs vont jusqu'à proposer la substitution du dollar comme monnaie de réserve par un panier de devises internationales. La multiplication de mesures non conventionnelles par les banques centrales pourraient déboucher sur une guerre des changes préjudiciable à toute reprise durable de l'économie mondiale. n
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