Le grand retour du risque pays

chronique des tauxD'un seul coup, le risque pays réapparaît : non pas le risque sur des pays émergents comme la Hongrie ou le Mexique, mais sur de grands pays développés comme le Royaume-Uni et les États-Unis. Le choc est venu de l'agence de rating Standard & Poor's, qui vient de déclarer que la note « AAA » du Royaume-Uni a une perspective négative et non plus stable. On a beaucoup critiqué les agences de notation en leur reprochant de ne pas anticiper les difficultés. Elles ne seraient capables que d'entériner après coup ce que tout le monde sait déjà. Même si cela est vrai, les agences n'en gardent pas moins une grande influence. Tout le monde sait que le Royaume-Uni ne mérite pas une note « AAA », encore moins une note « AAA » avec une perspective stable, mais le fait qu'une agence le confirme est en soi un événement. Aux États-Unis, quelques langues se sont déliées. Bill Gross, le patron de Pimco, plus gros gérant obligataire mondial, a ouvertement parlé d'une dégradation possible de la note des États-Unis. Tim Geithner, le ministre des Finances, a répété, sans convaincre, que le gouvernement est soucieux de réduire le déficit budgétaire. Le marché obligataire est nerveux. Le taux d'intérêt sur les obligations du Trésor américain à 10 ans est passé d'environ 2 % l'an au début de l'année à 3 % au début du mois de mai, et maintenant à 3,5 % malgré l'intervention de la Fed, qui a commencé à acheter des obligations du Trésor. Une explication est que le marché anticipe de la croissance. On voudrait le croire mais aucun signe de croissance n'est visible. Une autre est qu'il anticipe de l'inflation. C'est vrai en partie puisqu'on voit une certaine hausse du cours des obligations indexées sur l'inflation. Mais l'explication la plus plausible est que le marché anticipe des difficultés de refinancement pour le déficit sans fond du budget américain (environ 1.800 milliards de dollars, officiellement). C'est aussi la moins rassurante ! ncette fois-ci il ne s'agit pas de pays émergents comme la Hongrie ou le Mexique, mais de grands pays développés comme le Royaume-Uni et les États-Unis.Par Maurice de Boisséson (Octo Finances).
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