Oskar Lafontaine, l'inoxydable

Toujours prêt à prendre sa canne et son chapeau pour repartir en campagne, celui que l'on surnomme le « Napoléon de la Sarre » n'est jamais rassasié de combats. À 66 ans, Oskar Lafontaine a, cet été, à nouveau battu le pavé de son Land natal, qu'il a dirigé de 1985 à 1998. Cette fois, c'est sous la bannière de Die Linke, ce parti qu'il préside depuis trois ans, et non plus du SPD comme alors, qu'il conduit les troupes. Peu importe, Kumpel Oskar « le pote Oskar », comme on l'appelle encore à Sarrebruck, a montré qu'il dispose encore d'un capital de sympathie parmi les Sarrois. Les sondages le créditent de 15 % des suffrages. C'est certes loin des majorités absolues des années 1980 et 1990, mais, voici quatre ans, l'ancêtre de Die Linke n'avait obtenu que 2,4 % des voix? Et, pour la première fois à l'Ouest, Die Linke pourrait prendre place dans le gouvernement régional.Le vieux lion rugit donc encore. Il est d'ailleurs habitué aux résurrections. En 1990, un déséquilibré l'agresse au couteau dans un meeting et le plonge dans le coma. Quelques semaines plus tard, Oskar repart en campagne. Jeune loup du SPD dans les années 1980, il avait obtenu cette année-là la candidature à la chancellerie. Son scepticisme face aux méthodes financières de la réunification lui valut alors une lourde défaite. Face à un Helmut Kohl baignant dans l'euphorie de l'époque, cette stratégie relevait du suicide politique. Tout autre que lui ne s'en serait pas relevé. Mais Oskar Lafontaine revient et prend, en 1998, le portefeuille des Finances. Opposé à la stratégie de recentrage du chancelier Schröder, il démissionne au bout d'un an. On croit sa carrière politique définitivement terminée. On a tort... Changer la donneProfitant en 2004 de la vague de protestations contre la réforme du marché du travail, Lafontaine décide d'organiser l'opposition de gauche au SPD avec une idée simple : s'allier à l'ex-parti unique de RDA, le PDS, jusqu'ici cantonné à l'est du pays, pour fonder une force nationale. En 2005, l'alliance obtient 8,7 % des voix aux élections fédérales et, un an plus tard, Die Linke est créé. Le nouveau défi d'Oskar Lafontaine est de le rendre incontournable dans la vie politique allemande. De ce point de vue, c'est un succès. Avec son émergence à l'ouest, Die Linke a changé la donne et créé un système à cinq partis bien incommode pour les « grands », SPD et CDU. Souvent décrié pour sa démagogie et son autoritarisme, Lafontaine mériterait surtout le qualificatif « d'infatigable » que l'on donna au maréchal Ney, né comme lui à Sarrelouis. R. G., à Berl
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