Xavier Rolet, le Français qui croyait au rêve américain En ...

Xavier Rolet, le Français qui croyait au rêve américain En arrivant à la tête de la Bourse de Londres, l'une de ses premières décisions de Xavier Rolet a été de changer de bureau : fini le septième étage, autrefois réservé à la direction ; Xavier Rolet a préféré s'installer dans la salle des marchés, au deuxième étage, « avec les troupes ». Poignée de main franche, sourire facile, le Français qui dirige la Bourse de Londres depuis le mois de mai se veut « toujours accessible » et distribue sa carte de visite ? avec son numéro de téléphone portable ? très facilement. Mais attention, pas question pour autant d'être tendre. Tout juste deux mois après avoir pris sa fonction, le Français a déjà mis à la porte 10 % des effectifs, soit 130 personnes ? « Il fallait réduire les coûts. » La structure de direction a aussi été drastiquement amaigrie : de 16 personnes qui se réunissaient deux fois par mois à 5 personnes qui se rassemblent quotidiennement. Difficile d'apporter un démenti plus clair à la stratégie de Clara Furse, celle qui l'a précédé à son poste pendant huit ans.Cette apparente contradiction ? accessible mais tranchant ? s'explique probablement dans les origines modestes de Xavier Rolet, et un mot qu'il a en permanence à la bouche : « la méritocratie ». Fils aîné de militaires sans éducation formelle, élevé à Sarcelles, il n'était pas destiné au plus haut niveau de la finance, et ne doit son succès qu'à lui-même. Cet attachement à l'effort et aux résultats fait de lui un converti du rêve américain. Il a d'ailleurs passé toute sa carrière entre Londres et New York, à l'exception d'un rapide retour à Paris en 2008.Né en 1959, il se révèle rapidement brillant élève : mention très bien au bac, troisième à l'École supérieure de commerce de Marseille, prépa militaire? Mais l'objectif du jeune homme est les États-Unis. « C'était un rêve : la possibilité de réaliser mon ambition, l'«American dream »? Déjà, et cette opinion n'a pas changé, il estime la France trop figée : « J'ai toujours perçu la France comme un pays qui n'est pas une méritocratie, où la mobilité sociale est très limitée. »Il décroche une bourse du Rotary pour faire un MBA à l'université de Columbia en 1981, qui le mène à Goldman Sachs trois ans plus tard. Le choc est immédiat : « Pendant trois ans, j'ai travaillé vingt heures par jour, six jours et demi sur sept. Je traitais Tokyo, avec des sessions jusqu'à 2 heures, heure de New York. Et vers 4 heures, je commençais à recevoir les coups de fil de l'Europe. »Fort de cette expérience, Xavier Rolet est envoyé à Londres en 1990, pour codiriger le département actions en Europe de Goldman Sachs. Une décennie plus tard, après un passage par trois autres banques, il rejoint Lehman Brothers, toujours en charge des marchés actions. Quand l'établissement américain fait faillite l'automne dernier, il est depuis quelques mois directeur de la branche française.Quelques jours après, le téléphone sonne. Un cabinet de chasseurs de têtes à Londres appelle pour connaître son intérêt à diriger la Bourse de Londres. Mais ce n'est qu'en janvier que les négociations sérieuses commencent. « J'étais intéressé, et potentiellement au chômage, mais j'avais cinq ou six autres opportunités. » Une telle offre se refuse cependant difficilement, d'autant que le salaire annuel est alléchant : 650.000 livres (765.000 euros) pour le fixe, soit 20 % de plus que celui de Clara Furse.Voilà désormais un Français à la tête d'une des institutions centrales de la City. Mais il relativise le symbole : « Cela fait trente ans que je n'ai pas travaillé en France. Ce qui est important, c'est d'avoir une entreprise ouverte à la diversité, comme c'est souvent le cas en Grande-Bretagne et aux États-Unis, qui sont des méritocraties. » Le rêve américain, toujours?Éric Albert, à Londre
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