Lazard et Rothschild concurrents sur la restructuration de dette

Ils ont aimé les fusions-acquisitions, ils vont adorer la restructuration. Après trois années d'euphorie, les « deals » se font rares pour les banquiers d'affaires. Sur fond de crise financière et de récession économique, place aux restructurations d'entreprises. Ce métier bénéficie de son caractère contracyclique par rapport au conseil en fusions-acquisitions. Pour autant, tous les types d'acteurs n'ont pas la légitimité. « Nous ne sommes jamais impliqués dans la distribution des crédits et la syndication de la dette. Nous n'avons aucun conflit d'intérêts », explique Georges Ralli, responsable de l'Europe chez Lazard. Les banques d'affaires sans bilan, comme Lazard et Rothschild, mais aussi Close Brothers ou Houlihan Lokey, mettent ainsi en avant leur indépendance vis-à-vis des sociétés et se partagent ce marché toutefois moins juteux que les acquisitions. Leur intervention peut se situer à différents stades de la vie de l'entreprise. Généralement, la première intervention est une simple renégociation des ratios bancaires (qui mesurent régulièrement le niveau d'endettement par rapport à certains indicateurs d'activité) en cas d'inflexion des plans de marche de l'entreprise. négociation directeSi la situation délicate persiste, les banques peuvent alors avoir à négocier directement une restructuration de tout ou partie de la dette. Les outils utilisés sont généralement l'allongement des échéances, l'allégement des intérêts ou la transformation d'une partie de la dette subordonnée en dette senior, plus sécurisante pour les créanciers.Le troisième cas, plus critique, est plus structurant pour l'entreprise. Il consiste en une transformation de la dette en capital, accompagnée souvent de cession d'actifs, de changement stratégique ou de gouvernance. « Plus on intervient en amont, plus on a de marge de man?uvre et donc de chance de réussir », explique Vincent Danjoux associé-gérant chez Rothschild.Son concurrent Lazard se fait le spécialiste des situations critiques et intervient plus souvent dans de lourdes restructurations comme pour Eurotunnel, Belvédère ou Infogrames. Les entreprises en faillite ou en situation de l'être sont les cas les plus extrêmes. « De fait, quand une entreprise est en défaut, elle est dans les mains de ses créanciers », souligne Georges Ralli. bras de ferC'est alors que le bras de fer commence entre les différents créanciers. La difficulté provient du fait que ces derniers ne constituent pas un bloc homogène. Comme le souligne Vincent Danjoux, « il existe plusieurs types de créanciers : ceux qui sont entrés dans la syndication initiale et qui peuvent être des banques ou des fonds, et ceux qui ont acheté à décote sur le marché secondaire de la dette ». Leurs attentes en termes de rentabilité et leurs agendas diffèrent, compliquant la discussion. Néanmoins, une règle de base prime : « Les aspects techniques sur le plan juridique et judiciaire sont importants. Mais les discussions avec les créanciers exigent aussi de réelles compétences de négociation », ajoute Laurent Rossetti chez Lazard.Les sociétés sous LBO, dont l'endettement récent s'est fait sur des multiples élevés, sont celles qui, aujourd'hui, se trouvent les plus exposées à une restructuration, plus particulièrement lorsqu'elles se trouvent sur un secteur en crise comme la construction ou l'automobile. Du côté des entreprises non financées par des fonds, les banquiers estiment que la vague de restructurations arrivera dans plusieurs mois, quand de grandes échéances obligataires devraient intervenir. Ce qui garantit un flux de revenus pour l'avenir.Guenaëlle Le Solleu et Matthieu Pechberty
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