La valorisation des biotechs ne tient qu'à un fil

Concilier effort de recherche et rémunération actionnariale n'est pas tâche facile. Surtout lorsque l'essentiel des capitaux investis porte sur le développement d'un projet dont l'issue est pour le moins incertaine. Voici en quelques mots résumée la principale problématique à laquelle les sociétés de biotechnologies cotées sont aujourd'hui confrontées. Si bien que leur valorisation boursière ne tient bien souvent qu'aux perspectives de résultats cliniques d'une molécule en portefeuille. Et par là même aux anticipations de chiffre d'affaires susceptibles d'être générés par ce même produit. Pour les investisseurs, le jeu en vaut parfois la chandelle. L'exemple de Nicox le montre. L'action a gagné près de 35 % lors des deux séances qui ont suivi la confirmation, vendredi dernier, de l'efficacité du Naproxcinod, valorisé entre 10 et 11 euros par action, dans le traitement de l'arthrose de la hanche. En outre, malgré le niveau de risque élevé qui le caractérise, le secteur dispose de certains arguments. « Un nombre croissant d'acteurs ont montré leur capacité à mettre sur le marché des produits dont le potentiel de ventes dépasse le milliard de dollars », observe Sylvain Goyon, analyste chez Natixis Securities. L'expert cite, pour étayer ses propos, le cas du suisse Actelion qui a introduit, en 2001, un traitement contre l'hypertension pulmonaire dont le chiffre d'affaires attendu cette année s'élève à 1,2 milliard de dollars.maturité économiqueContrairement aux idées reçues, la profession se porte plutôt bien en Bourse. Sur un an glissant, l'indice Biotech 30, établi par Natixis, devance de plus de 30 points l'indice DJ Stoxx. Cette surperformance doit beaucoup aux rachats de certaines entreprises comme Spidell et Accambis dont les actionnaires se sont vu offrir des primes variant de 60 % à 80 % par rapport à leur dernier cours coté. À cela s'ajoute l'arrivée à maturité économique de bon nombre d'entre elles. Cela ne doit pas faire oublier pour autant le fort degré de dépendance de la majorité d'entre elles à un seul produit. « En Italie, Bioxell développe un produit contre l'incontinence urinaire en phase III dont le potentiel de valorisation représente 85 % de notre objectif de cours de 55 euros par action », glisse Rodolphe Besserve, analyste à la Société Générale.En cas d'échec, la sanction est souvent brutale. Comme cela été le cas de l'allemand GPC Biotech, qui a vu son cours de Bourse divisé par trente en l'espace d'un an à la suite de résultats négatifs sur son produit vedette. D'autant qu'au paramètre clinique vient parfois se greffer des incertitudes d'ordre commercial. À titre d'illustration, Rodolphe Besserve pense que « les études qui ont été menées sur le Naproxcinod ne permettent pas de montrer un profil suffisamment différenciant par rapport à Naproxen, génériqué depuis quinze ans aux États-Unis, pour que sa mise sur le marché soit concluante outre-Atlantique ».Fabio Marquetty
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