Le FMI au secours du Pakistan

Après l'Ukraine, la Serbie, l'Islande, la Hongrie et bientôt la Biélorussie, voire la Turquie, voici que le Pakistan nécessite à son tour l'intervention du Fond monétaire international (FMI). Mis à mal par les difficultés des banques à se refinancer sur fond de crise financière internationale et déserté par les investisseurs en quête de placements sans risque, le pays des purs a reçu une aide de 7,6 milliards de dollars du Fond sur deux ans afin de ne pas faire défaut sur sa dette. Au cours des 12 derniers mois, les réserves de change pakistanaises ont fondu des deux tiers à 3,45 milliards de dollars.Même s'il était exclu que la communauté internationale laisse choir ce pays clé de la lutte contre le terrorisme et doté de l'arme nucléaire, le Fonds a posé ses conditions?: la banque centrale, qui a relevé ce mois-ci son principal taux d'intérêt à 15 % contre 13 %, s'est engagée dans le cadre de l'aide à « resserrer davantage sa politique monétaire », a déclaré le FMI dans un communiqué. Les autorités monétaires du pays devront cesser d'aider le gouvernement à boucler ses fins de mois.Le Pakistan paie au prix fort les mauvaises conditions économiques du premier semestre (renchérissement du prix des matières premières et des denrées alimentaires). L'inflation a atteint 25,3 % en août et le déficit budgétaire s'est élevé à 7,4 % du PIB au cours de l'exercice fiscal 2007-2008. Il devra être ramené à 4,2 % durant de l'exercice en cours en vertu du « plan de travail » concocté avec les « Amis du Pakistan » (pays industrialisés et émergents et FMI) mi-novembre. De nouvelles aides pourraient donc venir en sus du prêt du FMI, dont le montant paraît sous-calibré par rapport aux prochaines échéances de remboursements obligaires qui inquiètent Islamabad (10 milliards de dollars). En attendant, la croissance, que le gouvernement estimait à 4,3 % cette année, risque de ralentir et le chômage (déjà près de 40 % dans les villes) de grimper. Selon certaines rumeurs, le FMI aurait eu d'autres exigences telles qu'une dévaluation de la roupie pakistanaise (qui a déjà perdu 22,2 % de sa valeur cette année), une baisse de 30 % des dépenses militaires, une réforme fiscale?L'aide du Fonds était en gestation depuis plusieurs semaines. Elle est le signe d'une réelle désaffection des investisseurs vis-à-vis de ce pays déstabilisé par l'extrémisme religieux. Lundi, le président Asif Ali Zardari a annoncé la remise au pas des services secrets pakistanais (ISI), compromis dans des opérations de déstabilisation visant l'Afghanistan, l'Inde et le parti du président (PPP). Il s'agit aussi de rassurer les États-Unis, allié de la lutte contre le terrorisme, qui suspecte des liens entre l'ISI et certains groupes djihadistes.
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