Au bord du surendettement, AIG doit brader ses actifs

À l'instar d'un banal ménage de l'Amérique profonde, AIG est aujourd'hui menacé de surendettement. Pressé de céder des actifs pour rembourser les gigantesques prêts que lui a accordés l'État américain dans le cadre de son plan de sauvetage de 152 milliards de dollars, en septembre, American International Group s'est lancé dans un grand programme de cessions qui concerne environ 70 % de ses actifs. Mais face à un démarrage qui traîne en longueur et aux rabais que l'assureur a dû consentir pour placer ses premières pépites, l'inquiétude monte sur sa capacité à honorer ses dettes, à commencer par un premier prêt de 60 milliards de dollars des autorités fédérales.Pourtant, l'ancien leader mondial ne chôme pas. Après avoir conclu lundi la cession de l'assureur spécialisé Hartford Steam Boiler (HSB) pour 742 millions de dollars, AIG semble déterminé à vendre rapidement, d'un bloc ou par appartements, sa filiale philippine Philamlife, dont le prix pourrait, selon des analystes, atteindre le milliard d'euros. Selon le « Financial Times », il a en effet adressé à des acheteurs potentiels des informations détaillées sur la société d'assurance-vie, dont les actifs atteignaient 3,6 milliards de dollars à la fin 2007, et confié les discussions à Deutsche Bank. Philamlife avait déjà indiqué en octobre avoir reçu des témoignages d'intérêt d'une dizaine de groupes locaux ou étrangers. Parmi ceux-là, Bloomberg citait récemment le canadien Manulife Financial, ainsi que l'italien Generali, qui se serait allié pour cette opération à la première banque philippine Banco de Oro Unibank et au malaisien Kuok Group.Mais même en cas de succès, ce projet de cession ne suffira pas à rassurer les analystes, qui s'inquiètent à haute voix du risque de défaillance d'AIG. C'est la moins-value de 38 % essuyée lors de la vente de HSB qui a fait se délier les langues. D'autant que, ramené aux fonds propres de la société, ce prix ne représente qu'un multiple de 1,25, contre un ratio supérieur à 2,5 lors de l'achat par AIG, en 2000.scepticisme ambiantVoilà qui augure mal du succès du plan de cessions du géant déchu. « Si ce prix est représentatif de l'état du marché, beaucoup d'autres actifs d'AIG risquent de faire l'objet de rabais substantiels », s'inquiète Gary Ransom, analyste chez Fox-Pitt Kelton Cochran Caronia Waller. Même son de cloche du côté de Standard & Poor's?: « Nous restons sceptiques sur le fait que les cessions suffiront à couvrir les remboursements attendus d'ici à la fin de l'année prochaine », a écrit l'analyste Cathy Seifert lundi dans une note à des clients. Conclusion sans appel de Gary Ransom?: « Ce sont de mauvaises nouvelles pour le contribuable américain. » BENJAMIN JULLIEN
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