Le PDG de Thales laisse le groupe en bonne santé

Jusqu'au bout le PDG de Thales, Denis Ranque, aura fait le « job ». Il a annoncé hier des résultats 2008 en progression : chiffre d'affaires en hausse de 8 % (12,6 milliards d'euros), prises de commandes record (14,2 milliards) mais résultat net en repli de 35 %, à 650 millions. En 2009, il table sur une croissance organique de son activité comprise « entre 3 et 5 % » et sur un taux de marge du résultat opérationnel courant (après restructurations) « stable ou un peu supérieur au niveau de 2008 (6,9 %) ». Pour affronter une crise sans précédent, « le groupe, a expliqué Denis Ranque, dispose d'atouts extrêmement solides » : un portefeuille de clients composé à 75 % par les États pour la défense (60 %) et le parapublic (15 %) ; un positionnement sur des marchés en croissance (défense notamment) et, enfin, une bonne visibilité grâce à un carnet de commandes de 22,9 milliards d'euros (22 mois d'activité).lobbying intensePour autant, Denis Ranque ? lui-même l'a compris et intégré, assure-t-on en interne selon plusieurs sources concordantes ? va devoir passer la barre d'un groupe qu'il préside depuis plus de dix ans. Et ce en dépit d'un lobbying intense ces dernières semaines pour rester à la tête de Thales et de son intime conviction qu'il était le plus à même de diriger ce groupe. Mais son futur actionnaire de référence, Dassault Aviation (près de 26 % du capital), n'en veut plus. Selon plusieurs sources concordantes, Serge Dassault et Charles Edelstenne (PDG de Dassault Aviation) continuent de lui préférer François Quentin, l'ex-patron de la division aéronautique de Thales, pourtant bien discrédité par Denis Ranque, qui l'a démis de ses fonctions pour insuffisance de résultats. À moins qu'in fine l'Élysée mette son grain de sel en imposant un candidat de son cru. Enfin, certains dans le groupe d'électronique soutiennent toujours la candidature interne d'Alexandre de Juniac, directeur général en charge de l'Asie, de l'Afrique, du Moyen-Orient et de l'Amérique latine, et réputé proche de Nicolas Sarkozy.La question pour Dassault Aviation est de choisir le bon moment pour pousser vers la porte Denis Ranque, qui garde encore la confiance de certains administrateurs. Une chose est sûre, rien ne se passera avant la réponse de Bruxelles, qui doit donner son feu vert avant la fin mars pour la montée de Dassault Aviation dans le capital de Thales. À partir de là, deux scénarios : soit Dassault Aviation trouve une majorité au premier conseil (mi-avril) où il aura quatre administrateurs pour débarquer le dirigeant, soit il patiente jusqu'à l'assemblée générale de mai pour obtenir son départ.
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