BASF, reflet de la crise de la chimie mondiale

2009 sera une année de défis sans précédent. La situation de nos marchés continue à se dégrader et nous n'avons aucune visibilité sur la durée de la crise ». Les propos tenus hier par Jürgen Hambrecht, président de BASF, avaient de quoi faire vaciller sur ses fondations le gigantesque site de Ludwigshafen en Rhénanie, siège du leader mondial de la chimie et fleuron de l'industrie allemande (37.000 employés). Le dirigeant, qui s'est pourtant voulu « réaliste », n'a pas lésiné sur les éléments inquiétants?: non seulement l'accélération de la crise au dernier trimestre 2008 a contraint le groupe à « réduire de plus de 25 % ses capacités de production mondiales », mais BASF ne voit pas de reprise de la demande depuis janvier. Jürgen Hambrecht a donc confirmé qu'il allait « fermer les sites les moins profitables » du groupe, entraînant la suppression d'« au moins 1.500 postes » cette année. Soit 1,5 % des effectifs ?seulement?, mais toutes les régions du monde seront touchées.réorganisationDe fait, le concept de « société intégrée » ? de la production pétrolière à la chimie de spécialités ?, longtemps vanté par BASF, ne semble plus le protéger. La hausse de 7,5 % des ventes en 2008, à 62,3 milliards d'euros, doit beaucoup à la croissance de la branche pétrole et gaz (+ 37 %). Mais cela n'a pas suffi à sécuriser les profits?: le résultat d'exploitation du groupe a chuté de 10 % et son résultat net a plongé de 28 % l'an dernier, à 2,9 milliards.Pour 2009, les dirigeants prévoient un recul du chiffre d'affaires, indiquant que « toutes les activités seront en baisse, sauf la branche semences ». Une chute « plus importante » du résultat d'exploitation est même à prévoir? Il faut dire que, outre la crise, BASF aura à gérer la complexe intégration du chimiste suisse Ciba, racheté pour 3,8 milliards d'euros en septembre dernier? juste au moment de la faillite de Lehman Brothers?! Les dirigeants se sont refusés à indiquer si des dépréciations de valeur seront passées au titre de cette opération, qui devrait être finalisée fin mars ? le groupe est en attente de l'approbation des autorités européennes. Mais le chimiste allemand ne pourra pas faire l'économie d'une réorganisation d'ampleur, notamment dans la branche papier de Ciba, lourdement déficitaire. « Les 1.500 suppressions de postes annoncées ne tiennent pas compte de Ciba », a prévenu Jürgen Hambrecht.AUDREY TONNELIER,à Ludwigshafe
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