27 milliards d'euros de perte pour RBS

C'est la plus forte perte jamais enregistrée par une entreprise britannique. Royal Bank of Scotland a réalisé en 2008 une perte nette de 24 milliards de livres (27 milliards d'euros). Si le chiffre était attendu, son ampleur n'en reste pas moins symbolique du complet dérapage de RBS depuis l'acquisition d'ABN-Amro à l'automne 2007. Les chiffres donnent le tournis?: RBS a passé 7 milliards de livres de provisions pour créances douteuses, 7,8 milliards de pertes sur les marchés et une dépréciation pour écarts d'acquisition de 16,2 milliards. Au total, environ 55 % des pertes proviennent d'ABN-Amro.Face à l'ampleur de la tâche, Stephen Hester, le nouveau patron de RBS, a lancé hier un immense plan de restructuration. L'objectif essentiel est de se débarrasser d'une très grande partie de sa banque d'investissement, dont la taille va être réduite de moitié. Une unité séparée va être créée, regroupant 240 milliards de livres d'actifs « non stratégiques » qui seront vendus ou supprimés?: c'est environ un cinquième de l'ensemble de la banque?! Un grand plan de licenciements sera aussi mis en place, et le chiffre de 20.000 suppressions d'emplois (sur 180.000) « n'est pas une spéculation irresponsable ».À cela s'ajoute une nouvelle augmentation de capital de 13 milliards de livres (14,5 milliards d'euros), qui pourrait être augmentée de 6 milliards supplémentaires. Cette levée de fonds se fera via la souscription par le gouvernement britannique d'actions de « classe B », c'est-à-dire une forme d'actions préférentielles. Cela portera la participation du gouvernement à un minimum de 75 % et à un maximum de 95 %. La nationalisation complète n'est pas loin? Enfin, RBS va faire assurer 300 milliards de ses actifs toxiques par le gouvernement (voir ci-contre). Stephen Hester se donne trois à cinq ans pour redresser la banque. « À une exception près [la banque d'investissement, Ndlr], toutes nos divisions étaient profitables en 2008. Nos fondations reposent donc sur un roc, pas sur du sable. »grand effortMais il reconnaît que le travail à effectuer sera considérable. « Beaucoup de choses peuvent mal se passer, mais nous nous donnons les outils pour réussir. » Le patron de RBS va se lancer dans un grand effort pour se concentrer uniquement sur les unités les plus rentables. Il va se retirer ou « significativement réduire » sa présence dans 36 des 54 pays où la banque opère. La France est cependant classée dans les pays qui conservent la priorité pour sa banque d'investissement.Enfin, une controverse a éclaté concernant la pension de Fred Goodwin, l'ancien directeur général de RBS. En quittant la banque, il a conservé le droit à une retraite de 693.000 livres par an, payable dès cette année, alors qu'il n'a que 50 ans. Le gouvernement britannique et RBS lui ont demandé d'y renoncer, ce qu'il a catégoriquement refusé hier. Éric Albert, à Londre
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