Le travail temporaire touché de plein fouet

Les analystes de Deutsche Bank avaient vu juste. Dans une étude publiée mercredi, le courtier s'inquiétait des résultats à venir des groupes de travail temporaire. Hier, le néerlandais Randstad, numéro deux mondial du secteur derrière le suisse Adecco, a publié une perte nette de 231 millions d'euros au titre du quatrième trimestre 2008, contre un bénéfice de 118,5 millions un an auparavant. Conséquence, Randstad ne versera pas de dividende à ses actionnaires cette année. Une première dans l'histoire du groupe. Les investisseurs ont été à ce point choqués que le cours de Bourse a décroché de 20,5 % en séance, à 11,02 euros, son plus bas niveau des douze derniers mois.Le marché n'avait pas réalisé à quel point le secteur de l'intérim était frappé par la crise économique. « Les valeurs du secteur se tenaient bien depuis le début de l'année », rappelle Morgan Stanley, qui souligne dans une étude les hausses de près de 15 % et de plus de 5 % des titres Adecco et Randstad, en janvier, alors que l'indice MSCI Europe (tous secteurs d'activité confondus) chutait de 5 % environ.« Nous nous trouvons face à quelque chose de pire qu'un banal retournement de cycle », insiste Robert-Jan Van de Kraats, directeur financier de Randstad. Le groupe ne réalise pas moins du quart de son chiffre d'affaires en France, où le nombre de chômeurs a bondi de 90.000 en janvier. Une hausse record, qui montre à quel point des industries telles que l'automobile doivent tailler dans leurs effectifs pour s'adapter à la crise. Or les premières « variables d'ajustement » sont toujours les intérimaires.Si bien que Randstad, de son propre aveu, n'est nullement certain de dégager en 2009 une marge (avant intérêts, impôts et amortissements) de 4 %, objectif que s'était fixé la société. Le marché s'est certes stabilisé en février, mais pour combien de temps ? Résultat, Randstad devra à nouveau licencier, a indiqué la firme, sans autre précision. « Nous allons gérer cela trimestre par trimestre, compte tenu de la très faible visibilité sur le march頻, s'est borné à ajouter Robert-Jan Van de Kraats. En janvier, Randstad avait déjà décidé de supprimer 489 postes en France.C'est dire si les résultats annuels d'Adecco, qui seront publiés le 4 mars, sont attendus de pied ferme par la communauté financière. Surtout que l'action Adecco ne semble pas spécialement bon marché. La valeur se paie 13,3 fois le résultat estimé par Deutsche Bank pour 2009, alors que le titre Randstad se paye sur la base d'un multiple de 8 seulement.
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