« Jephta », l'oratorio testament de Haendel

Un oratorio de Haendel est toujours une promesse de bonheur musical. Ces pièces lui ont, en effet, presque toujours permis de laisser libre cours à son imagination et à sa maîtrise des voix. Mi-opéras profanes, mi-pièces sacrées, ils permettent à l'auteur d'aborder les sujets avec moins de grandiloquence que des opéras classiques tout en donnant aux chanteurs de magnifiques morceaux de bravoure qui ne cessent de nous enchanter. « Jephta » (Jephté en français), donné au Théâtre des Champs-Élysées et à Lucerne (sous la direction de David Stern), n'est pas n'importe quel oratorio. C'est la dernière pièce de ce genre composée par le maître, en 1751. Il avait alors 66 ans. À ce titre, « Jephta » est regardé par les mélomanes comme le testament et la somme de l'art haendélien. L'histoire est certes pathétique. À la demande de son peuple, Jephta se bat pour le délivrer du joug des Ammonites. Il supplie Dieu de lui accorder la victoire. En échange de quoi il sacrifiera la première personne qu'il rencontrera. Après la bataille, Jephta a la douleur de voir s'avancer vers lui? sa fille, Iphis. Au terme de nombreuses lamentations, Iphis semble se résigner à son sort. Le récit biblique se termine tragiquement. Mais Thomas Morell, le librettiste, modifie la fin en ajoutant l'intervention d'un ange, deus ex machina, qui sauve la fille de Jephta du sacrifice. drame sacréInutile de dire que cette ?uvre contient les pages de musique parmi les plus dramatiques et les plus passionnées de son temps. Et ce d'autant plus qu'Haendel a commencé à perdre la vue lors de sa composition. Elle a d'ailleurs inspiré les plus grands chefs d'orchestre baroque, de Gardiner à Christie en passant par l'incomparable Harnoncourt.David Stern, le fils du célèbre violoniste, s'empare aujourd'hui du sujet. Installé en Europe depuis quinze ans, ce natif de New York, nommé directeur artistique de l'Opéra de Tel-Aviv depuis octobre 2008, fait partie de la génération de musiciens qui souhaite instaurer un nouvel élan dans l'utilisation des instruments d'époque, ferveur que lui a transmis John Eliot Gardiner avec qui il a travaillé. C'est d'ailleurs dans cette perspective qu'il a créé son orchestre Opera Fuoco en 2003. Parmi les chanteurs de la version de « Jephta » donnée le 2 avril au TCE, Paul Agnew, à la fois ténor et haute-contre. Grand spécialiste du répertoire baroque et l'une des plus belles voix du moment, il maîtrise parfaitement l'art de l'oratorio et de ses ambiguïtés vocales, les hommes ayant souvent des rôles de femmes et vice versa. Un grand moment de musique baroque à ne pas manquer. n « Jephta », le 1er avril au Festival de Lucerne KKL, Europaplatz 1, 6005 Lucerne. www.kkl-luzern.ch. Le 2 avril au Théâtre des Champs-Élysées, 15, avenue Montaigne, 75008 Paris. Tél. : 01.49.52.50.00.
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