La criminalité au c ? ur de la « démocratie indienne »

C'est l'une des caractéristiques les moins reluisantes de la vie politique de la « plus grande démocratie du monde » : l'imbrication entre politique et criminalité. En 2006, l'ONG Social Watch India a consacré une étude détaillée au Parlement de l'époque, celui qui est en cours de renouvellement : 23,3 % des 538 députés faisaient l'objet de poursuites criminelles, presque un sur quatre. Avec tous les chefs d'accusation possibles, de l'assassinat à l'émeute en passant par le viol et l'extorsion de fonds. Tous les partis étaient concernés, avec 17 à 20 % d'élus incriminés pour le Congrès et le BJP. Social Watch India refera son étude sur la base du nouveau Parlement, mais n'attend pas d'amélioration. La présence dans la vie politique de tant de gens au passé aussi chargé est parfaitement légale car, au nom de la présomption d'innocence, un candidat n'est écarté que s'il a été définitivement condamné ? ce qui peut prendre vingt-cinq ans. Mais pourquoi les partis accueillent-ils de tels personnages ? La raison fondamentale, selon Rajeev Dhavan, avocat à la Cour suprême, c'est que l'organisation des élections en Inde est tellement complexe que les partis ont besoin « d'une véritable armée », capable d'assurer la logistique. Et les seules « armées » disponibles, ce sont? les gangs locaux qui, en récompense de leurs services, se voient offrir la possibilité de rançonner leur territoire.Chefs de gangL'évolution de ces vingt dernières années, souligne un militant de la moralisation de la vie politique, c'est que « les chefs de gang ont décidé qu'ils ne voulaient plus être de simples instruments au service des partis, ils ont exigé de se présenter eux-mêmes aux élections ». Car « être élu, c'est accéder à de très grosses opportunités financières », explique Himanshu Jha, coordinateur de National Social Watch Coalition. La gamme est vaste, depuis les contrats publics jusqu'aux transactions immobilières, en passant par les nominations monnayées de fonctionnaires? « Tout le monde a besoin d'une faveur, tous les politiciens mettent un prix à leurs faveurs? », résume Rajeev Dhavan.Estimant le mal profondément enraciné, les militants de la transparence placent tous leurs espoirs dans la montée des pressions venant de la société civile. Mais sans grand espoir d'amélioration rapide. n
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