Le marché s'accroche au dollar

Après une année 2008 chaotique, qui l'a vu fondre jusqu'à un plancher historique face à l'euro puis rebondir puissamment, le dollar reste relativement à l'abri des turbulences actuelles des marchés.Certes, comme sur les autres marchés, le billet vert accuse des décalages en fonction du degré plus ou moins grand d'aversion au risque des acteurs du marché des changes, mais personne n'a l'audace de le faire sortir de la fourchette de transactions dans laquelle il évolue depuis décembre. Elle est délimitée en haut par le niveau de 1,25 dollar pour un euro, que l'on n'a pas revu depuis mars, et par en bas par celui de 1,44, dont il s'est rapproché à plusieurs reprises au cours des dernières séances. Vendredi, au plus bas dans les transactions, après la publication de deux bons chiffres en zone euro ? l'indice IFO du climat des affaires en Allemagne et l'indice composite des directeurs d'achat des Seize, remonté de 44,6 en juin à 46,8 en juillet ?, l'euro a poussé une pointe jusqu'à 1,4255 dollar, après avoir tutoyé la veille le seuil de 1,43. Sans grande conviction.Pourtant, les raisons d'un affaiblissement plus marqué du dollar sont en place depuis l'adoption par la Réserve fédérale américaine de mesures d'assouplissement monétaire quantitatif, via des achats de 300 milliards de dollars de titres de la dette publique américaine, s'ajoutant aux taux zéro en vigueur depuis décembre dernier. La foi dans le dollar en tant que monnaie de réserve est remise en question de plus en plus ouvertement par les grandes nations émergentes, ce qui, l'an dernier à pareille époque, aurait pu l'entraîner au-delà du record de 1,6038 pour un euro touché le 15 juillet 2008. Quant au déficit de l'État fédéral américain, il est proprement abyssal, puisqu'il a dépassé les 1.000 milliards de dollars sur les neuf premiers mois de l'exercice fiscal qui s'achève le 30 septembre.Résultat : le dollar a rompu son étroite corrélation avec Wall Street, pour en établir une autre, plus traditionnelle, celle des écarts de rendements. Or, le loyer de l'argent américain tient la comparaison avec ceux des autres grands pays, qui sont tous à des niveaux historiquement bas, ce qui épargne au billet vert l'alerte rouge évoquée par nombre de Cassandre.rand et real championsSeules les monnaies des nations pratiquant des taux d'intérêt encore attractifs, où le risque de change est mineur et qui ont l'atout d'être productrices de matières premières, sortent du lot. C'est ce qui explique l'engouement pour le rand sud-africain et le real brésilien, les monnaies la plus performantes du monde depuis le début de l'année, avec un gain de respectivement 23 % et 22 % face au dollar, suivi des dollars australien (+ 16,5%) néo-zélandais (+ 13%) et canadien (+12,5%) et de la couronne norvégienne (+12%). Moins agressif et moins déstabilisateurs qu'en 2007 et dans la première moitié de 2008, avant l'éclatement de la crise des subprimes, le « carry trade » ? la stratégie qui consiste à jouer sur les écarts de rendements ? n'en est pas moins de retour. n
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.