Les Anglais les plus fortunés s'exilent pour raisons fiscales

Les vacances sont presque finies et c'est un nouvel exode qui se dessine. À partir de Londres, et essentiellement vers la Suisse. Les riches résidents prennent leurs précautions ? avant le 1er avril 2010. À cette date, le gouvernement britannique a promis de taxer à 51 % les revenus excédant 172.000 euros. Le spectre du milieu des années 1970 plane, avec un seuil d'imposition maximal relevé de 75 % à 83 %. D'autant que la situation des finances publiques outre-Manche est bien pire aujourd'hui qu'à l'époque ; avec un déficit budgétaire de 8 milliards d'euros en juillet, il pourrait atteindre 9 % du Pib selon le gouvernement. Déjà, le mois dernier, les cadres dirigeants de McDonald's Europe ? le Français Denis Hennequin en tête ? sont partis pour Genève. Le géant américain du « fast-food » rejoint ainsi ses compatriotes Kraft, Procter & Gamble, Colgate Palmolive ou encore Yahoo. Tandis que, sur fond de crise, les multinationales (41 % d'entre elles selon une étude de KPMG) revoient à la baisse les avantages accordés à leurs expatriés, la nouvelle ponction fiscale paraît intolérable. Surtout pour les Américains. Leur nombre sur le sol britannique a d'ailleurs reculé de 3,8 % sur un an.Autre élément décisif pour les expatriés, la modification du statut spécial pour les revenus gagnés hors du pays. Les résidents depuis plus de sept ans doivent désormais payer un forfait annuel de 35.000 euros au fisc, ou bien renoncer à ce système avantageux. Reste enfin la question des bonus à la City. S'ils sont plus généreux qu'en Europe continentale, ils sont tout autant taxés, sinon plus. Mieux vaudrait donc partir? Mais pour aller où ? Dans la conjoncture actuelle, trouver un poste de trader hors de Londres n'est pas chose aisée. Quant aux grandes banques internationales, elles rechignent à déménager leurs salles de marché, compte tenu des frais que cela implique. Résultat, dans la finance, ceux qui s'expatrient à grand bruit aujourd'hui travaillent plutôt dans des structures plus flexibles qu'une banque, mais tout aussi rentables. Guy Hands en est un exemple. Fondateur du fonds d'investissement Terra Firma, propriétaire de la maison de disque EMI depuis 2007, il rejoindrait, selon le « Wall Street Journal », le paradis fiscal de Guernesey. Les salariés d'Amplitude Capital viennent de partir pour Zurich. Malgré la fin du secret bancaire, la Suisse reste en effet une destination de choix. Non seulement les niveaux d'imposition sont bas, mais en plus, se trouver hors de l'UE permet d'échapper à la réglementation européenne sur les fonds spéculatifs. François de Castet, à Londre
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