Polémique sur la hausse des prix de la viande

Pourquoi le prix du b?uf au rayon boucherie a-t-il augmenté de 50 % entre 1990 et 2008 alors que, dans le même temps, le prix versé à l'agriculteur a diminué de 15 % ? Une enquête d'UFC-Que Choisir accuse les distributeurs de profiter des différentes crises alimentaires pour augmenter leurs marges. « À chaque envolée des coûts, les hausses sont immédiatement répercutées aux consommateurs, alors que les diminutions de prix des carcasses consécutives aux deux crises de la ?vache folle? de 1995 et 2000 ne sont pas ou que très partiellement répercutées », s'énerve Alain Bazot, président de l'association de consommateurs. L'étude cite en exemple l'entrecôte, dont le prix au kilo s'est enchéri de 6 euros (de 11 à 17 euros) sur la période. Selon l'UFC, le surcoût lié à la réglementation sécuritaire, taxe d'équarrissage et autres coûts de main-d'?uvre et d'énergie, n'expliquerait que 30 % de la hausse. Et le problème serait le même sur le porc et la volaille, dont les prix de détail augmentent de 26 % et 40 % entre 1990 et 2008, quand les prix agricoles baissent respectivement de 30 % et 7 %.Interrogées, les grandes enseignes de distribution jugeaient hier ne pas avoir assez de temps pour répondre. Mais un consultant extérieur, qui préfère garder l'anonymat, confirme les accusations portées par l'UFC. « Les distributeurs choisissent de faire des marges sur ces catégories lourdes qu'ils jugent peu élastiques au prix et préfèrent se battre sur des produits comme l'essence, visible dès l'extérieur du magasin. » Une attitude jugée très dangereuse par la filière viande. « Les ventes en volume ne cessent de baisser et c'est directement lié à la hausse des prix, d'autant plus que ce sont les Français les moins aisés qui mangent le plus de viande », explique Louis Orenga, président du Comité d'information sur les viandes. Au total, le budget viande représente 22 % des 145 milliards d'euros consacrés à l'alimentaire, un poste équivalent à l'électricité pour les ménages. Sophie Lécluse
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