Les salariés d'Alcatel-Lucent découvrent le style Verwaayen

Ils n'avaient pas eu l'honneur d'une visite de leur ancienne patronne, Patricia Russo. Alors quand Ben Verwaayen, le nouveau directeur général d'Alcatel-Lucent, s'est déplacé il y a dix jours, la rencontre constituait un véritable événement pour les 3.000 salariés du site de Villarceaux dans l'Essonne, le deuxième plus important du groupe en France après celui de Vélizy dans les Yvelines. Les employés de l'équipementier en télécoms ont bien la possibilité d'interpeller leur patron sur son Blackberry. Mais seule cette rencontre, quatre mois après sa nomination à la tête de l'entreprise, permettait vraiment de se familiariser avec le style du directeur général, totalement différent de celui de son prédécesseur : direct, ouvert mais un brin provocateur.« Innovez ! »« Restructurer est synonyme d'échec », a par exemple lancé Ben Verwaayen à une assistance qui a vécu de près, ces deux dernières années, les conséquences du plan de restructuration et ses 16.000 suppressions de postes au niveau mondial. « Qui vous a dit que vous étiez trop cher ? Si vous innovez, vous serez toujours moins cher que quiconque ! » a même déclaré Ben Verwaayen pour lequel il n'y a pas de fatalité face aux offensives commerciales des équipementiers chinois, Huawei en tête.La visite à l'établissement de Villarceaux n'est pas un hasard. C'est sur ce site posé au milieu des champs que se préparent les futurs produits d'Alcatel-Lucent, ceux qui doivent permettre, selon la direction, de sortir de la crise actuelle. Le LTE, la téléphonie mobile de nouvelle génération à très haut débit, est de ceux-là. Une partie des équipes de Villarceaux qui travaillait sur le Wimax, une technologie concurrente mais moins prometteuse selon Alcatel-Lucent, a déjà basculé sur le LTE. Le groupe continuera seulement à développer le Wimax pour les produits d'accès à Internet dans les zones mal couvertes par l'ADSL et les pays émergents.motivation en berneDe nombreux salariés se félicitent de ce nouveau ton et de l'évolution de la stratégie. Mais se gardent de tomber dans l'enthousiasme. « Il existe une certaine forme d'adhésion. Mais les salariés en ont vu beaucoup ces dernières années. Ils restent donc prudents et attendent aujourd'hui du concret surtout dans ce contexte de crise », confirme Pascal Guiheneuf, délégué syndical CFDT. Le redressement judiciaire de Nortel, dont le site français de Châteaufort se situe à quelques kilomètres de celui de Villarceaux, est là pour rappeler les maux du secteur des équipements en télécoms. Un autre salarié note que de nombreux jeunes embauchés au moment de la bulle des télécoms n'ont connu que la crise : « La nouvelle direction va devoir leur expliquer comment faire attention au cash tout en restant motivé. » Dans le cadre de la nouvelle stratégie, 1.000 cadres vont quitter le groupe, dont 150 à 200 en France. « Que vont devenir les équipes qui travaillent en dessous ? » s'interroge un salarié de Villarceaux. Et quid des 40 centres de R&D qui pourraient fermer ? Les réponses pourraient ne pas être connues avant février. La mobilisation des équipes s'annonce comme une des tâches les plus compliquées du nouveau directeur général d'Alcatel-Lucent. n Les salariés attendent aujourd'hui du concret surtout dans ce contexte de crise.
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