« Berlin doit montrer qu'il n'est pas prêt à tout pour les banques »

Plusieurs dirigeants de banques allemandes ont expliqué leurs difficultés par la seule faillite de Lehman Brothers. N'y a-t-il pas cependant eu des erreurs de stratégie ?Il est vrai que les dirigeants des banques privées ne pouvaient certainement pas prévoir la faillite d'un institut comme Lehman Brothers. Mais l'importance des problèmes qui apparaissent aujourd'hui ne peut certainement pas être entièrement mise sur le compte de ce seul événement. Beaucoup ont mené une politique beaucoup trop audacieuse. On ne peut pas revendiquer un rendement de « 25 % + x », comme l'a fait, par exemple, la Deutsche Bank sans s'exposer à des risques énormes.Faut-il aujourd'hui améliorer le plan de sauvetage bancaire allemand ?Le gouvernement doit d'abord montrer aux banques qu'il n'est pas prêt à réaliser tous leurs v?ux. Notamment sur la question d'une structure de défaisance nationale, une « bad bank » où l'on stockerait tous les actifs « toxiques ». On peut comprendre la nécessité d'une telle structure du point de vue des banques. Mais le gouvernement a déjà mis en place un programme massif d'aides et de garanties de 480 milliards d'euros. Cela suffit, et si cela ne suffit pas, c'est ce plan qu'il faut élargir. Je crois que c'est aux banques d'assumer leurs erreurs et leurs engagements passés. Tout ce qui contribue à transférer la responsabilité ou la gestion de ces actifs vers l'État ne me semble pas une solution satisfaisante. Évidemment, lorsque les banques sont dans une situation très critique, proche de la faillite, comme dans les cas de Commerzbank ou de Hypo Real Estate, l'État peut intervenir et procéder à une nationalisation partielle. Une fois remises sur pied, ces institutions devront néanmoins être à nouveau privatisées.L'État doit-il alors intervenir dans la gestion des banques ?Pas dans la gestion quotidienne, mais il est normal qu'il s'assure un droit de regard sur les décisions stratégiques. Lorsque l'État sauve, avec 18 milliards d'euros, la Commerzbank, il ne peut pas ensuite se retirer sans rien dire. Il doit assumer la responsabilité de ce sauvetage et observer l'évolution future de la banque.Quel est aujourd'hui le point faible du système bancaire allemand ?Globalement, le système à « trois piliers » a bien fonctionné. Les banques mutualistes comme les caisses d'épargne ont plutôt bien résisté à la crise. Quant aux instituts privés comme la Deutsche Bank ou Commerzbank, elles vont désormais se positionner à long terme comme des instituts internationaux. Le point faible du système allemand, ce sont les Landesbanken qui ont trop voulu imiter le modèle des banques d'investissements. Trois sorties de crise sont possibles pour elles : la privatisation, leur fermeture ou leur fusion dans un seul institut. Je soutiens cette dernière solution qui permettrait à cette nouvelle banque de se concentrer sur la production de produits pour les caisses d'épargne. Les politiques y sont défavorables, mais ils doivent comprendre que maintenir à coups de milliards les Landesbanken en vie ne sert à rien. n © drC'est aux banques d'assumer leurs erreurs et leurs engagements.
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