Plaidoyers pour une supervision européenne

Le statu quo n'est pas une option. » En pleine crise financière, la septième conférence sur les services financiers organisée, à Bruxelles, par Merill Lynch-Bank of America, le cabinet de conseil Kreab Houston et l'Association des sociétés cotées italiennes (Assonime) a été l'occasion de discours volontaires et quelque peu provocateurs. À commencer par Charlie McCreevy, le commissaire européen au Marché intérieur. Selon lui, la crise a mis en évidence la faiblesse des arrangements de supervision existant en Europe « et en particulier, les problèmes significatifs de coordination et de conflits d'intérêts entre les États membres ». Et de critiquer le double langage des gouvernements, « unanimes sur le besoin de résoudre ce problème » mais qui n'ont pas hésité, par le passé, à briser ce consensus une fois les solutions proposées. « Jamais le climat n'a été aussi favorable pour une avancée », a martelé Charlie McCreevy, qui attend, comme beaucoup d'autres, les conclusions du groupe d'experts présidé par Jacques de Larosière sur la supervision en Europe, attendues pour la fin février.régulateur centralDe son côté, Eddy Wymeersch, le président du Comité européen des régulateurs de marché (CESR), a stigmatisé lui aussi la faible coordination dont a fait preuve l'Europe au cours des derniers mois. Que ce soit en matière d'interdiction des ventes à découvert, accusées d'avoir précipité la chute des valeurs financières, ou de garantie des dépôts. « Le CESR est très efficace pour émettre des recommandations non contraignantes pour les États membres », a-t-il caricaturé. Mais, en dehors des directives, aucun progrès ne peut être fait, reconnaît-il. « Le CESR est désarmé. » Au sein de membres divisés, Eddy Wymeersch prône un régulateur central ou une tête de réseau au côté de superviseurs nationaux, qui aurait un pouvoir normatif contraignant. Une structure sur le modèle de la Banque centrale européenne pourrait être la solution. S'agissant des actions en cours à venir, Charlie McCreevy a enjoint au Parlement européen de ne pas affaiblir les amendements apportés à la directive sur les fonds propres. Mais il ne s'agit que d'un début, avant « une révision en profondeur de Bale II » (lire encadré). Les rémunérations des dirigeants sont aussi dans la ligne de mire, et en particulier les incitations perverses à la prise de risque excessive. Bruxelles a par ailleurs lancé une consultation sur les hedge funds, qui pourrait déboucher sur des initiatives en matière de régulation. Le ton n'a pas manqué de faire réagir. « Nous aurions aimé entendre [ce discours] en début de mandat », a commenté l'un des membres du Parlement européen, Ieke van der Burg, à l'écoute de ce tour d'horizon proactif. n
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