L'idée d'un bon du Trésor européen ressurgit avec la crise

C'est un vieux serpent de mer qui revient sur la table des sommets européens : un « eurobond », soit un bon du Trésor européen servant à financer des projets de l'Union européenne (UE). Ses partisans viennent en général du sud de l'Europe : le Portugal, l'Italie, la Grèce et l'Espagne. Pour financer leur dette publique, ces États de l'euro doivent aujourd'hui proposer des emprunts d'État à 10 ans à des taux élevés record par rapport à ceux émis par l'État allemand, réputé solide financièrement. consensus en italieQuand l'Allemagne emprunte à 10 ans à un taux de 3,12 %, le Portugal doit lui proposer 4,6 % pour ne pas rester à sec, l'Espagne 4,3 % et l'Italie 4,66 %. Selon le président de l'Institut de recherche économique (ISAE), Alberto Majocchi, l'Europe retrouve sur ce thème son vieux clivage antérieur à l'union monétaire : les pays du Sud, le « Club med » comme certains les baptisèrent, risquent de plomber ceux du Nord, en premier lieu l'Allemagne. En Italie, il y a un ? rare ? consensus politique en faveur de l'« eurobond » : c'est le cheval de bataille de l'actuel ministre des Finances, Giulio Tremonti, mais le centre gauche le défend aussi, comme ces jours-ci l'ancien président de la Commission européenne, Romano Prodi ou le prédécesseur de Tremonti, le très européen Tommaso Padoa-Schioppa. « L'Italie est à la pointe de cette proposition car c'est le pays le plus fort économiquement de ces pays faibles », explique Alberto Majocchi. Avec la plus grosse dette en Europe (1.687 milliards d'euros soit 105 % de son PIB), Rome serait aussi le principal bénéficiaire d'une telle opération, lui permettant de financer des dépenses en payant moins d'intérêts. désaccord outre-rhinMais « pourquoi devrais-je renoncer à mon meilleur taux, plus bas de 130 points que le tien, pour tomber à tes conditions ? », répondait déjà en décembre dernier à Tremonti son homologue allemand, Peer Steinbrück. Les Allemands, de la Bundesbank à la chancelière Merkel, sont unis sur ce point. Le camp des pros « eurobonds » s'élargit toutefois dans le sillage de la crise financière alors que l'Irlande se refinance désormais à un taux de 5,72 %, l'Autriche à 4,37 % : le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, soutient l'« eurobond », de même que Jean-Claude Juncker, le chef de l'Eurogroupe. « Au vu des dettes publiques très élevées » et pour neutraliser la demande d'un « eurobond », Angela Merkel vient de proposer « une coordination » des émissions d'emprunts par les États, afin d'éviter une offre trop grande hissant les taux sur les marchés.Frank Paul Weber, à Rome
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