Le marché du plasma reste très disputé

Rarement marché pharmaceutique aura suscité de tels débats. Les médicaments dérivés du plasma (MDP, utilisés pour traiter les déficits immunitaires, l'hémophilie, etc.) ont beau être peu connus du grand public, ils cristallisent en France un certain nombre d'enjeux politiques, économiques et éthiques. Un amendement à la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) est venu le rappeler. Déposé par le député Jean-Marie Rolland et voté début mars à l'Assemblée nationale, il vise à « reconnaître la mission de service public du Laboratoire du fractionnement et des biotechnologies (LFB) consistant à satisfaire en priorité les besoins nationaux en médicaments dérivés du sang ». Il relance ainsi le débat hexagonal entre le (LFB) et les industriels privés opérant en France. Le premier, société anonyme détenue par l'État, possède environ 75 % du marché français des MDP (estimé à 450 millions d'euros l'an dernier) en valeur. Les seconds ? l'australien CSL Behring, l'américain Baxter ou le suisse Octapharma ? jugent la situation anticoncurrentielle.public contre priv髠Pour nous, cet amendement équivaut à une gifle », a lancé le directeur général France de CSL Behring, Franck Puget, lors d'un voyage à l'invitation du groupe. « Il constitue autant une obligation qu'une reconnaissance pour le LFB, rétorque son PDG, Christian Béchon. Notre statut public et nos intérêts commerciaux sont difficilement conciliables. Mais le système français nous paraît équitable. Son but est l'intérêt du patient. » Cette querelle public-privé s'articule aussi autour des modes de collecte du sang d'où est issu le plasma. Le LFB fonctionne essentiellement à partir de dons « éthiques », c'est-à-dire bénévoles, tandis que les labos privés, eux, disposent de centres de collecte où les donneurs sont « indemnisés ». Une pratique récusée par le LFB, qui pointe des dérives commerciales. Reste que sur certains produits ? notamment les immunoglobulines ?, les capacités du groupe public ne sont pas systématiquement suffisantes pour satisfaire une demande croissante. « Nous avons investi 60 millions d'euros afin de doubler nos capacités de production d'ici à 2010. Nous pensons atteindre l'autosuffisance d'ici deux à trois ans », indique Christian Béchon. Ce dernier reconnaît aussi la « nécessité de la concurrence », ne serait-ce que pour des questions de sécurisation des approvisionnements. « Si le marché français est trop fermé, c'est moins un problème de législation que d'habitudes », juge pour sa part Franck Puget. Une chose est sûre : l'amendement Rolland, qui doit passer au Sénat mi-mai, n'est qu'une étape de plus dans ce dossier complexe. AUDREY TONNELIER
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