Vers un durcissement du dialogue social à la SNCF

Incontournable, la CGT est devenue toute puissante. Le syndicat contestataire a ratissé 39,3 % des voix lors des élections professionnelles de jeudi 26 mars, en légère baisse de 0,84 point par rapport au précédent scrutin de 2006. Mais il est désormais le seul, suivant les nouvelles règles de la loi sur la représentativité syndicale du 20 août 2008, a atteindre les 30 % de voix nécessaires à la signature des accords proposés par la direction de la SNCF. Le syndicat est en position de force, avec l'aide d'une autre organisation représentative, pour rassembler 50 % des suffrages et refuser ou dénoncer un texte.Malgré la percée de l'Unsa, devenue la deuxième organisation syndicale représentative avec 18,05 % des voix (+ 3,57 points), le camp des réformistes ne peut plus faire bloc pour permettre la signature d'accords professionnels au sein de la SNCF. La CFDT, pourtant alliée à la Fgaac, signe une cruelle contre-performance avec 11,59 % des voix (contre 11,58 % pour la CFDT et 3,04 % pour la Fgaac en 2006). Addition rageante, les scores de l'Unsa et de la CFDT-Fgaac ne totalisent que 29,64 % des suffrages. Soit à 0,36 % pour avaliser un accord.Ils ne peuvent évidemment pas compter sur le troisième syndicat représentatif de ces élections, le très radical SUD Rail, à l'origine de la fermeture de la gare Saint-Lazare mi-janvier et qui signe les textes de la SNCF au compte-gouttes. Lui aussi sort renforcé du scrutin avec 17,67 % des voix (+ 2,7 points) même s'il passe troisième derrière l'Unsa. Les autres syndicats de la SNCF n'auront plus de représentants syndicaux au niveau national : FO avec 7,98 % des voix, la CFTC (5,40 %) et la CGC, qui enregistre un score nul, ne sont plus « représentatifs », la loi d'août 2008 fixant à ce titre un score minimum de 10 %.risque de blocagesPour la direction de la SNCF, la situation est délicate. Il s'agit d'un « scénario catastrophe », estime le secrétaire fédéral CFTC-Transports Bernard Aubin. « La CGT ne prendra jamais le risque d'adopter des postures réformistes et de se retrouver ainsi dépassée sur son aile gauche par SUD. L'Unsa et la CFDT, en capacité de négocier mais pas de signer les accords, seront fragilisés. » Le syndicaliste y voit un fort risque que « plus aucun accord ne soit sign頻 jusqu'aux prochaines élections professionnelles dans deux ans.Pour autant, la CGT, bien que contestataire, apparaît comme un interlocuteur privilégié de la direction. « Dans les faits, et c'est cela qui fait le lit de SUD, la CGT laissait les syndicats réformistes signer. Aujourd'hui, face à des textes qui présenteraient un certain nombre d'avancées pour les cheminots, elle devra expliquer à ces derniers pourquoi elle ne signe pas ! », analyse un observateur du dossier. La direction de la SNCF, qui s'attendait à une telle configuration, table sur une évolution de la CGT. Cette dernière « devra assumer sa très grande responsabilité dans la conduite des négociations, même si d'un autre côté la SNCF sera amenée elle aussi à faire des efforts », a déclaré avant la sortie des résultats le DRH de la SNCF, François Nogué, à « La Tribune ». Mais le renforcement des syndicats les plus durs s'annonce un défi de taille pour la direction du groupe public.
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