Les bonus des traders un peu vite diabolisés

Stop ou encore ? Après la polémique sur les bonus et les stock-options des patrons de banques, celle sur les bonus des traders est désormais lancée. Deux jours après l'affaire des bonus chez Chevreux (Crédit Agricolegricole), c'est la banque Natixis qui est vouée aux gémonies après avoir versé 70 millions d'euros de bonus à 3.000 salariés (voir ci-contre). La filiale des Caisses d'Épargne et des Banques Populaires a perdu 2,8 milliards d'euros en 2008. Elle est à l'origine de l'aide publique de 5 milliards d'euros que ses actionnaires recevront dans les prochains mois. Dès lors, les critiques ont fusé. « Il faut remettre de l'ordre là-dedans (et) considérer que les entreprises aidées par les pouvoirs publics ne puissent pas distribuer indûment (des bonus) », a déclaré Éric Woerth, ministre du Budget sur France 2 jeudi soir. De son côté, l'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), qui a déposé une plainte contre Natixis a exprimé sa colère.À moins d'une semaine du début du G20, la polémique ne fait que commencer. D'autant que la fin du mois de mars marque tradionnellement, dans les banques françaises, le versement des bonus annoncés en février. Après une année 2008 catastrophique pour les banques, est-il légitime de verser des bonus aux traders et autres collaborateurs des banques de financement et d'investissement (BFI) jugées responsables de la crise ? les coûts pris en comptePour éviter les excès et remettre un peu d'ordre dans les systèmes de rémunérations des opérateurs de marché, la Fédération bancaire française (FBF) avait publié, début février, les grands principes à respecter. Ils imposent désormais un calcul des bonus par rapport aux bénéfices nets imputables au trader et non plus sur la base des revenus qu'il a généré. Ils commandent leur étalement sur plusieurs années et un paiement pour une plus large part en actions. Mais surtout, les bonus doivent désormais prendre en compte les différents coûts supportés par la banque comme le coût du risque et le coût du capital employé afin de d'évaluer réellement la rentabilité des traders et banquiers.Désormais, toutes les banques françaises se drapent derrière ces principes. Elles en veulent pour preuve des montants versés en chute libre : ? 70 % chez BNP Paribas, ? 50 % chez Calyon (Crédit Agricolegricole) et ? 40 % à la Société Généralecute; Générale, ? 73 % chez Natixis. Dans les activités durement frappées par la crise, comme le financement d'acquisition LBO ou les crédits structurés, les banquiers n'ont pas touché de rémunérations variables. Selon nos informations, BNP Paribas n'a pas non plus versé de bonus à ses traders des équipes de dérivés actions à l'origine de 2 milliards d'euros de pertes au dernier trimestre 2008 dans la BFI. Chez Calyon, les banquiers et traders des activités de marché préservées et profitables ont touché des rémunérations variables ajustées selon les principes de la FBF. Même son de cloche à la Société Généralecute; Générale sur les activités rentables où le bonus médian représente 2 mois de salaire fixe.L'heure est donc à la discrimination entre les salariés profitables et ceux qui ne le sont pas. « C'est la loi du marché. Ceux qui font gagner de l'argent touchent un bonus même si la société en perd », explique un dirigeant d'une banque française. Natixis s'inscrit dans cette logique. Si les banques reconnaissent les excès passés, elles expriment leur ras-le-bol d'être systématiquement attaquées. « Comment voulez-vous gagner de l'argent sans trader ? », souligne un banquier du Crédit Agricolegricole. Si cette réalité est dure à comprendre pour l'opinion, les banques ne peuvent pas s'interdire d'inciter leurs salariés à gagner de l'argent d'autant que l'exercice relève désormais de la vraie performance.
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